par Marc Angrand

Wall Street est attendue sur une note prudente et les Bourses européennes reculent à mi-séance mardi, l'euphorie suscitée la veille par des signes de progrès dans la recherche d'un vaccin contre le coronavirus cédant la place à des prises de bénéfice tandis que l'espoir d'une relance à l'échelle européenne favorise l'euro et fait baisser les rendements obligataires des pays du sud de l'Europe.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en léger repli pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 et stable pour le Nasdaq après la forte hausse de la veille (+3,85% pour le Dow, +3,15% pour le S&P, +2,44% pour le Nasdaq), qui a porté le S&P à son plus haut niveau depuis près de deux mois et demi.

À Paris, après une ouverture en hausse, le CAC 40 perd 0,73% à 4.465,67 points à 11h15 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,55% et à Francfort, le Dax recule de 0,44%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,44%, le FTSEurofirst 300 de 0,93% et le Stoxx 600 de 0,75%.

Ce dernier avait pris 4,07% lundi, sa meilleure performance en pourcentage sur une séance depuis le 24 mars, après l'annonce par la société de biotechnologies américaine Moderna de premiers résultats positifs d'un candidat vaccin contre le COVID-19 et la présentation par la France et l'Allemagne d'un plan de relance de 500 milliards financé par des emprunts au niveau de l'Union européenne.

La prudence en vue à Wall Street s'explique entre autres par l'attente de l'audition au Sénat américain de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, et de Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor. La déclaration préliminaire du patron de la Fed, publiée lundi soir par l'institution, souligne notamment le caractère "critique" de la loi CARES ("Coronavirus Aid, Relief and Economic Security Act") pour permettre à la banque centrale de soutenir le crédit afin d'amortir l'impact économique de la pandémie.

Les investisseurs surveillent aussi l'évolution des tensions entre les Etats-Unis et la Chine après la menace de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qu'il accuse à demi-mot d'être soumise à la Chine.

Les résultats inférieurs aux attentes de Home Depot, le numéro un américain des magasins de bricolage, pourraient par ailleurs peser sur la tendance.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, le secteur automobile perd 1,96% après l'annonce d'une chute record de 78,3% des immatriculations en Europe en avril. A Paris, Renault cède 7,75% et PSA 5,91%, deux des plus fortes baisses du CAC 40.

Parmi les replis les plus marqués du Stoxx 600 figurent Klépierre (-11,70%) et Natixis (-8,84%), qui figurent aux yeux de plusieurs analystes comme faisant partie des plus menacés par la levée de l'interdiction des ventes à découvert.

"Les bancaires comme Natixis sont les premières cibles sur ce genre de choses", estime Mikael Jakoby, responsable trading Europe continentale chez Oddo BHF, ajoutant que "des investisseurs pourraient décider de 'shorter' l'immobilier, notamment fortement exposé à la France, parce qu'on a une reprise qui n'est que très graduelle".

Rémy Cointreau (-6,97%) souffre de l'abaissement de la recommandation de Goldman Sachs, qui juge une pause justifiée après la surperformance récente du titre.

En hausse, Thyssenkrupp prend 1,98% après avoir évoqué officiellement la possibilité d'une vente de la majeure partie de ses activités sidérurgiques. Son concurrent Arcelormittal gagne 0,74%.

TAUX

Sur le marché obligataire, la proposition franco-allemande favorise la baisse des rendements des pays les plus directement concernés par un possible financement européen des efforts de relance économique à venir: celui des titres italiens à dix ans cède ainsi autour de cinq points de base, l'espagnol près de huit points, le portugais plus de 11 points.

Pour les économistes de Morgan Stanley, l'initiative de Paris et Berlin constitue "une réponse commune puissante qui contribuerait à réduire le risque d'une glissade des pays du sud".

Le rendement à dix ans français recule plus modestement, de moins de deux points, à -0,016%, tandis que l'allemand remonte de deux points à -0,46%.

CHANGES

Sur le marché des devises, l'euro continue de profiter de l'initiative franco-allemande: il gagne 0,45% face au dollar à 1,0961 après avoir atteint, à 1,0976, son plus haut niveau depuis le 4 mai.

La monnaie unique européenne porte ainsi à plus de 1,3% sa progression face au billet vert par rapport à son niveau de clôture de vendredi.

L'indice dollar, qui mesure les fluctuations de la devise américaine contre un panier de référence incluant l'euro, recule de 0,36%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier évolue en ordre dispersé, une divergence qui s'explique principalement par des facteurs techniques: le contrat juin sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagne ainsi 2,29% à 32,55 dollars le baril à quelques heures de son expiration et a même atteint son plus haut niveau depuis le 9 avril alors que le Brent est quasi stable à 34,82 dollars.

(Marc Angrand, avec Laetitia Volga)