Etat des lieux du CAC 40

Ça y est, on y est. Deuxième vague, deuxième confinement. Si certains n'ont plus l'anxiété de l'inconnu, d'autres angoissent à l'idée de rester enfermé plusieurs semaines, sans vraiment de date limite, et ça peut se comprendre. Il suffit de sortir pour constater cette panique et ce stress général : sur les routes, ça se klaxonne, ça se bouscule... Bref, on en viendrait presque à perdre une certaine courtoisie naturelle pour retrouver une forme d'agressivité primaire. Comme ce fut le cas au printemps, ces émotions se répercutent sur les bourses mondiales qui vont clôturer la semaine en fort recul. En l'espèce, le CAC 40 abandonne plus de 5 % à l’heure où j’écris ces lignes, venant réduire les gains des “quelques” valeurs dans le vert sur l’année et creuser les pertes des autres.

Ces valeurs qui surperforment l’indice parisien

Parmi les 40 actions de la cote parisienne, sept sont dans le vert depuis le début de l’année et seules quatre affichent des performances supérieures à 10 % en 2020 : STMicroelectronics (+10,7 %), Schneider Electric (+11,9 %), Teleperformance (+19,4 %) et enfin, Hermès (+21,5 %) qui a profité d’une augmentation de 7 % de ses ventes au dernier trimestre à taux de change constant après une chute de 25 % au premier semestre. Cela permet à la maison de luxe de confirmer son objectif de progression du chiffre d’affaires sur l’année malgré le contexte difficile. Une autre maison renoue également avec la croissance : L’Oréal dont l’action progresse de 5,7 % sur l’année. 

Néanmoins, le CAC 40 abandonne plus de 23 % depuis le premier janvier et si l’on regarde les valeurs qui font mieux, alors on remarque que 21 titres sont en situation de surperformance. Globalement, le secteur du luxe et de la technologie (Dassault Systemes, CapGemini, Worldline…) sont fortement représentés. On retrouve également des valeurs défensives comme Sanofi qui, malgré son positionnement pour la COVID-19, abandonne tout de même 12,7 %. Michelin, de part son activité sur les pneumatiques est moins sensible que Peugeot ou Renault à la contraction du secteur automobile. Enfin, Legrand semble moins résilient en bourse que son concurrent Schneider Electric.

Vous l’aurez compris, si 21 valeurs surperforment, alors 19 font moins bien que leur indice. Dans les dossiers des plus fortes baisses (>40 %), là encore pas de surprise. On retrouve les financières avec BNP Paribas (-44,5 %), AXA (-45,6 %), Crédit Agricole (-48,5 %) et Société Générale (-63,4 %) ; l’industrie aéronautique avec Thalès (-39,2 %) et Airbus -52,9 %) ; l’automobile avec Renault (-49,9 %) ; le groupe énergétique Total (-48,9 %) et enfin la plus forte baisse du CAC revient à la foncière Unibail (-75,5 %).

Quoi qu’il en soit, se pose donc la question de s’il faut acheter les plus fortes baisses ? Xavier Delmas y répond dans ce podcast : 

Sur un plan graphique, le CAC 40 évolue en latéralisation depuis le mois de juin. Cette semaine, il a cassé un support clé à 4700 points en données journalières. Il rebondit parfaitement sur son prochain niveau de support à 4550 points, ce qui laisse envisager un  retour à très court terme sur les 4700 points. En revanche, la cassure par le bas des niveaux actuels pourrait nous faire revenir sur les 4340 points puis les 4200 points en continuation voire vers les 3750 points, plus bas atteint en mars.


Nikkei 225 fait de la résistance

Le NIKKEI 225 a beaucoup mieux résisté que ses homologues européens ou américains en ne cédant que 0,6 % cette semaine. 

Un petit point de contexte avant de se lancer plus loin dans l’analyse. Le marché Nippon était attentif comme toutes les bourses mondiales à la montée du nombre de cas COVID aux Etats-Unis ainsi qu’aux annonces de M. Macron et de la Chancelière Merkel qui tous deux, ont annoncé des mesures de confinement. Toutefois, la situation du Japon est plus claire sur le plan de la crise sanitaire. De plus, la banque centrale du Japon a maintenu le statu quo sur sa politique monétaire, laissant son principal taux directeur à -0.10 %. Cette annonce, anticipée par les investisseurs, a donc eu peu d’effets à court terme sur les cours.

Composition de l’indice

Le NIKKEI 225 est composé comme son nom l’indique de 225 sociétés et la heatmap qui suit donne une bonne indication de l’évolution de ses composantes. Les technologiques, qui ont été plus promptes à tenir le choc pendant la crise, pondèrent l’indice à plus de 16 %, et les télécommunications à plus de 13 %, soit au total près d’un tiers du NIKKEI 225. Cela a contribué à sa résilience cette semaine quand on sait que les valeurs technologiques ont particulièrement bien résisté et c’est peu de le dire. De plus, les télécommunications sont perçues avec le développement de la 5G comme un secteur d’avenir. A titre de comparaison, le secteur technologique ne constitue que 7.7% du DAX et les télécommunications à peine 4.7%.

"Heatmap” de l’indice Nikkei en 2020 : la technologie et les télécoms aux commandes (Source Zonebourse)

Les actions Japonaises ne vont pas entrer dans une phase de correction” selon Norihiro Fujito responsable de la stratégie chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities. Le fait que le japon soit moins touché que les pays Européens par la pandémie de COVID permet aux entreprises d’avoir un horizon plus clair et d’afficher un peu plus d’optimisme pour l’instant. Toutefois, lorsque l’on sait à quel point l’Europe a été surprise par cette deuxième vague, il convient de rester prudent. 

Finalement, ce qui a rendu la place de Tokyo plus résiliente cette semaine, c’est bien la situation sanitaire (meilleure au Japon qu’en Occident) et la composition de l’indice, fortement pondéré par les valeurs technologiques et les télécommunications. 

Sur 2 mois, le Nikkei 225 a fait bien mieux que les indices larges européen et américain (Source Zonebourse)