New York (awp/afp) - Uber et Waymo, filiale d'Alphabet/Google spécialisée dans les technologies pour voitures autonomes, ont trouvé un accord à l'amiable mettant fin à des accusations de vols de brevets émises par le second à l'encontre du premier.

De manière inattendue, les deux entreprises ont annoncé vendredi un compromis pour arrêter un procès qui tenait en haleine depuis le début de la semaine la Silicon Valley et l'industrie l'automobile lancés dans une course pour mettre des voitures autonomes sur les routes avant 2020.

Dans un document succinct transmis à un tribunal de San Francisco (Californie), les deux parties indiquent être parvenues à un accord "confidentiel" et chacune d'elles s'acquittera de ses propres frais juridiques et d'avocats, est-il également mentionné.

Les termes du compromis, qui intervient moins d'une semaine après le début du procès ayant vu Travis Kalanick, le fondateur et ancien patron d'Uber, témoigner à la barre, n'ont pas été dévoilés.

Mais d'après une source proche du dossier, Uber a proposé à Waymo l'équivalent de 244,8 millions de dollars à Waymo en actions, soit 0,34% du capital sur la base d'une valorisation totale de l'entreprise de 72 milliards de dollars.

Le service de réservation de voitures avec chauffeur a également exprimé ses "regrets" et s'est engagé à n'utiliser que ses propres technologies dans le développement de sa voiture autonome, vue comme le Graal des modes de transport du futur et susceptible de générer des milliards de dollars en revenus.

Dara Khosrowshahi, le nouveau PDG d'Uber qui a pris ses fonctions à la fin de l'été 2017, a rejeté l'idée que des secrets aient été transférés de Waymo à Uber ou que Uber ait utilisé toute information appartenant à Waymo.

"Nous prenons des mesures de concert avec Waymo pour s'assurer que nos Lidar et logiciels représentent notre seul travail", a-t-il toutefois expliqué.

"Mon travail en tant que PDG d'Uber est de fixer les grandes lignes pour l'avenir de l'entreprise: innover et croître de façon responsable, tout en reconnaissant et en corrigeant les erreurs du passé", ajoute le nouveau dirigeant.

"Ce faisant, je veux exprimer mon regret pour les actions qui m'ont conduit à écrire cette lettre", a-t-il également réagi.

- Des capteurs laser, noeud de l'affaire -

Waymo accusait Uber de lui avoir volé des technologies clé pour le développement des véhicules autonomes.

L'un de ses anciens ingénieurs, Anthony Levandowski, aurait notamment, selon Waymo, dérobé fin 2015 des milliers de documents confidentiels avant de fonder sa propre startup, Otto, rachetée ensuite par Uber à l'été 2016.

La filiale de Google assure que le groupe et son patron avaient tout manigancé et racheté Otto en sachant que M. Levandowski aurait dans ses valises des secrets technologiques volés.

Waymo réclamait quelque deux milliards de dollars à Uber, qui veut s'imposer comme un acteur de premier plan dans la transformation de l'industrie automobile, et la fin de son programme de voitures autonomes.

"Nous estimons que cet accord va protéger la propriété intellectuelle de Waymo", a déclaré vendredi une porte-parole. "Nous nous sommes engagés à travailler avec Uber pour s'assurer que chaque entreprise développe ses propres technologies, ce qui signifie qu'aucune information confidentielle appartenant à Waymo ne doit être intégrée dans les logiciels d'Uber", a-t-elle ajouté.

Au centre de la dispute entre les deux géants, les systèmes LIDAR, qui sont des capteurs laser permettant à un véhicule de détecter les voitures alentour, des piétons ou autres obstacles autour de lui.

En allant au procès, Waymo semblait avoir pris l'avantage car un juge américain avait ordonné, en mai dernier, à Anthony Levandowski, l'ancien salarié de Waymo au centre de l'affaire, de restituer à son ancien employeur les dossiers confidentiels qu'il aurait emportés en quittant la société.

afp/al