New York (awp/afp) - La démission du conseiller économique de la Maison Blanche Gary Cohn, un ancien banquier libéral considéré par Wall Street comme un rempart face aux velléités protectionnistes de Donald Trump, continuait à secouer la Bourse de New York mercredi à la mi-séance.

Vers 17H00 GMT, son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, reculait de 0,82% à 24.679,09 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, cédait 0,23% à 7.355,10 points.

L'indice élargi S&P 500 lâchait 0,53% à 2.713,76 points.

Les investisseurs sont décontenancés par le départ de M. Cohn, ancien numéro deux de Goldman Sachs, qui a claqué la porte après la décision très controversée du président américain de taxer les importations d'acier et d'aluminium.

"Ces taxes n'ont pas encore été fixées mais les marchés s'interrogent sur leurs éventuelles conséquences, sur les possibles mesures de représailles des autres pays, sur les effets d'une guerre commerciale, sur le remplaçant de Gary Cohn", a commenté William Lynch de Hinsdale Associates.

"Il est difficile pour l'instant de discerner vraiment les répercussions" de ce nouvel épisode à la Maison Blanche, a-t-il noté. Mais "les marchés n'aiment pas l'incertitude".

Selon la Maison Blanche, l'annonce officielle des taxes devrait avoir lieu "en fin de semaine".

Gary Cohn, en plus d'être l'architecte de la récente réforme des impôts plébiscitée par Wall Street, "était la voix de la raison face à une guerre commerciale que Trump a l'air de désirer", a noté de son côté Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

"Son départ signifie à court terme que les conseillers économiques qui entourent désormais le président sont beaucoup plus populistes et protectionnistes et beaucoup moins ouverts à l'économie de marché que ne l'était un ancien de Goldman Sachs", a-t-il estimé.

Toutefois, "une personne ne change pas la face du monde", a ajouté M. Volokhine. "Il ne faut pas d'une part préjuger de la stature de son remplaçant, et de toute façon dans deux jours on parlera d'autres choses avec le rapport mensuel sur l'emploi."

Un des indicateurs majeurs du jour était à cet égard encourageant: les créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis sont restées très fortes en février et ont dépassé les prévisions des analystes, selon l'enquête mensuelle d'ADP.

- Les banques à la peine -

Le marché obligataire se détendait: le taux d'emprunt à 10 ans des Etats-Unis reculait à 2,868% contre 2,886% mardi soir, et celui à 30 ans à 3,148% contre 3,153% à la précédente clôture.

Sur le front des valeurs, certains titres du secteur financier, qui perd avec Gary Cohn un de ses puissants relais à la Maison Blanche, étaient à la peine.

Goldman Sachs perdait 1,09% tandis que Morgan Stanley cédait 0,60%, Bank of America 0,74% et JPMorgan Chase 1,28%.

Caterpillar et Boeing reculaient respectivement de 2,21% et 1,05%. Ces entreprises, fortement consommatrices de métaux, pourraient voir leurs coûts augmenter avec la mise en place de taxes à l'importation sur l'aluminium et l'acier.

Coca-Cola tombait de 0,57% alors que le groupe s'apprête à lancer une boisson alcoolisée au Japon, une première dans les 125 ans d'histoire du géant américain des sodas.

La chaîne de magasins bon marché Dollar Tree chutait de 14,96% après la diffusion de résultats décevants, en particulier en termes de ventes.

Les résultats de la chaîne de magasins de vêtements Abercrombie & Fitch (+11,42%) satisfaisaient en revanche les investisseurs, tout comme ceux de son concurrent Urban Outfitters (+1,97%).

ExxonMobil, qui prévoit de plus que doubler ses bénéfices à l'horizon 2025 à 31 milliards de dollars au cours actuel des prix du pétrole, perdait 2,74%. Le groupe anticipe aussi des investissements importants dans de nouveaux projets d'exploration et n'a pas, contrairement à son concurrent Chevron, annoncé de programme de rachats d'actions.

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