Une chute brutale du bénéfice... qui réjouit les marchés
La banque Lazard a annoncé des résultats meilleurs que prévus au titre de l'exercice 2008. En cette période « tumultueuse », comme le fait remarquer le Pdg de la banque, Bruce Wasserstein, une baisse de 36 % du bénéfice net, au quatrième trimestre 2008, peut effectivement apparaître comme une bonne performance, surtout dans le secteur financier.

Car, au moins, Lazard affiche des bénéfices sur l'exercice 2008, à 3,13 millions de dollars dégagées. Et sans la charge exceptionnelle liée au rachat des parts de Lazard Asset Management, le profit annuel se serait élevé à 111 millions de dollars.

Vive la crise ?
Les entreprises n'ont présentement guère le loisir d'engager de grandes campagnes conquérantes de croissance externe, ce qui explique la chute sensible des ventes de Lazard pour les conseils en fusions-acquisitions (-36 % au dernier trimestre 2008). Il en va de même pour la gestion d'actifs : les volumes se tassent de 36 %, à 9,1 milliards, et les revenus fondent de 46 %, à 125 millions.

Mais La crise n'est pas uniquement porteuse de mauvaises nouvelles pour la banque d'affaires : celle-ci a pu générer 47,1 millions de dollars de ventes dans le conseil en restructurations (d'entreprises ou de dettes), soit une hausse de 45,8 % du chiffre d'affaires pour cette activité.

Survivre, une sacrée performance
Steve Golub, vice-président de Lazard, peut bomber le torse devant les journalistes de La Tribune (05/02) : « Par rapport au reste de notre industrie, nous sommes satisfaits de notre performance ». Concédons-le, avoir conservé le statut de banque d'affaires, cette année, à Wall Street, est en soi une performance : Bear Stearns (vendue), Lehman Brothers (en faillite) et Merill Lynch (vendue), ne sont plus ; Goldman Sachs et Morgan Stanley ont changé de statut pour prendre celui de « holding bancaire ».

Pour autant, Lazard n'échappe pas à l'impact de la crise et la firme a annoncé une réduction de 10 % de ses effectifs, même si Steven Golub parle plutôt de « redéploiement », Lazard souhaitant recruter encore cette année dans le conseil en restructurations.

Au soir de ces annonces, le titre Lazard était récompensé pour sa bonne résistance par temps fort, avec une hausse de 10 % du cours à Wall Street. Pour Bruce Wasserstein, important donateur du parti Démocrate américain, cette hausse boursière pourrait sonner comme l'adoubement du destin, après la joute qui l'avait opposé dans le passé à Michel David-Weil.

Le descendant de la famille Lazard avait émis de vives contestations après la première vente au public d'actions Lazard décidée par M. Wasserstein, en 2005.