PARIS, 13 avril (Reuters) - Le montant de la rémunération de Carlos Tavares, directeur exécutif de Stellantis , au titre de 2021 a déclenché mercredi une polémique dans la classe politique française et chez certains syndicats alors que l'assemblée générale des actionnaires du groupe automobile né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler (FCA) doit se prononcer dans l'après-midi sur ce point.

Crédité pour avoir redressé PSA puis réussi la fusion avec FCA, Carlos Tavares devrait se voir attribuer au titre de l'exercice passé une rémunération d'environ 19 millions d'euros, dont deux millions de salaire fixe et 1,7 million de prime exceptionnelle liée à la fusion, le solde étant constitué surtout d'éléments de rémunération variable liés à la performance.

La société de gestion Phitrust, actionnaire minoritaire du constructeur, a toutefois aussi fait état d'une attribution d'actions gratuites pour un montant estimé à 32 millions d'euros et une rémunération de long terme pour un montant évalué à 25 millions d'euros, soit selon elle une enveloppe totale potentielle de 66 millions d'euros.

"Cette rémunération qui est la plus élevée des grandes entreprises en France (et probablement des groupes cotés de l'Union Européenne) est-elle justifiée pour une personne qui n'est pas le créateur de l'entreprise, mais en est seulement son gérant ?", s'est interrogée Phitrust.

A quelques heures de la tenue de l'assemblée générale, et dans le contexte politique de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle en France, le sujet a fait réagir.

"C'est une rémunération qui est indécente et révoltante", a jugé sur RMC Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT, troisième syndicat de PSA, tout en reconnaissant qu'en dépit des difficultés ayant émaillé l'année 2021, marquée notamment par une pénurie de semi-conducteurs et les répercussions de la pandémie de COVID-19, le groupe avait enregistré de solides résultats.

Interrogée en marge d'un déplacement en banlieue parisienne, Marine Le Pen a qualifié de "choquant" le montant de cette rémunération.

"C'est choquant, mais moins choquant que pour d'autres", a dit aux journalistes la candidate du Rassemblement national, en soulignant que "pour une fois", cette rémunération était associée à "de bons résultats".

Dans le camp du président sortant Emmanuel Macron, son adversaire du 24 avril, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a noté sur BFMTV et RMC que "c'est une entreprise privée et c'est à la fin les actionnaires qui décident et qui votent".

Phitrust estime toutefois que les pouvoirs publics ont une responsabilité dans le dossier étant donné que l'Etat français est le troisième actionnaire de Stellantis, notamment via Bpifrance qui détient 6,15% du capital.

L'assemblée générale du groupe doit se tenir par visioconférence depuis les Pays-Bas, où il a son siège, à partir de 15h00 (13h00 GMT). (Rédigé par Myriam Rivet et Gilles Guillaume, édité par Bertrand Boucey)