La saga de Conrad Black remonte à la fin des années 60, lorsqu'il rachète des médias locaux canadiens, et créé une chaîne de télévision. En 1978, il rachète Argus Corporation, une vaste holding contrôlant des pans entiers de l'économie canadienne. Il entreprend de liquider les actifs d'Argus et repositionne la société sur les médias au travers de Hollinger International, l'une de ses filiales minières.

Dans les années 80, il rachète le quotidien britannique The Daily Telegraph, Le Soleil (Québec), Le Droit (Ottawa)... Son groupe contrôlera jusqu'à 500 journaux. Au milieu des années 90, il se rapproche de Paul Desmarais, patron de Power Corporation du Canada.

Le gouvernement anglais l'anoblit en 1999. Il devient sujet britannique en 2001, ainsi que « Lord Black de Crossharbour », du nom du quartier où le Daily Telegraph est installé. Il cède la quasi-totalité de ses parts dans les médias canadiens tout en conservant le Telegraph, le Chicago Sun-Times et le Jerusalem Post.

La chute
Puis c'est le début de la fin. Mis en cause dans une sombre histoire de rémunérations illégales, il perd toute fonction dans son propre groupe en 2004, et entre en conflit avec le management. Puis les procès s'enchaînent sur ce même thème, notamment à Chicago, où il est poursuivi pour d'une bonne douzaine de chefs d'accusation... On lui reproche d'avoir puisé indûment dans les caisses d'Hollinger International quelques 84 millions de dollars.

Devant les jurés dont certains ont fait les frais de l'éclatement de la bulle technologique, Conrad Black a du mal à convaincre de sa bonne foi, d'autant qu'il s'est affiché (très) près des néo-conservateurs de Washington, peu populaires dans un Chicago démocrate. Ses avocats jugent même utile de préciser que Black ne peut être jugé de manière équitable à Chicago car le chicagolais moyen « n’habite pas plus d’une maison, n’a pas de domestiques à son service, n’utilise pas les services d’un chauffeur, ne possède pas de meubles luxueux et ne tient jamais de fêtes mondaines hors de prix ».

Le 13 juillet dernier, le jury de Chicago l'a reconnu coupable de trois fraudes à l'occasion la perception de 3,5 M$, ainsi que d'entrave à la justice : il a été vu en train de déplacer des boîtes d'archives alors que l'ordonnance lui interdisait de toucher aux preuves. C'est ce qui risque de lui coûter le plus cher.

Conrad Black fera appel, mais il a dû remettre son passeport en séance et s'engager à ne pas quitter la région de Chicago. Le prononcé de la sentence est attendu le 30 novembre. En attendant, Black est devenu chroniqueur dans un journal de Toronto, le National Post.


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