Exilé vers un climat plus doux, Joe Lewis n'a pas complètement oublié le vieux continent. Dans un entretien au Financial Times, son homme de confiance, Richard McGuire, explique que son boss a précisément le regard tourné vers l'Europe et ausculte toutes les opportunités, notamment dans le domaine des loisirs et chez les bookmakers.

Et depuis quelques temps, c'est aux buveurs de bière que Lewis s'intéresse. En 2008, en visite à Londres, Joe Lewis avait appris la faillite de la banque islandaise Kaupthing. L'effondrement de la banque avait conduit l'entrepreneur britannique Robert Tenguiz à céder ses parts dans Mitchells & Butlers (M&B), un des principaux gérants de pubs à travers l'Angleterre.

Lewis avait alors saisi l'occasion et était monté à hauteur de 23% dans le capital de M&B.

Le précieux houblon de Sa Majesté
Mais aujourd'hui, l'affaire rebondit avec grand fracas outre-manche. Les pubs représentent une des institutions majeures du Royaume et ce serait un crime de lèse-majesté que de vouloir porter atteinte à leur image. Et surtout, avec 40.000 emplois dans le pays, M&B représente un enjeu économique - et électoral - primordial.

Soupçonnant une prise de contrôle masquée de la chaîne de pubs, les trois leaders des principaux partis britanniques, travaillistes, conservateurs et libéraux, ont chacun transmis une missive à l'arbitre des fusions et acquisitions pour l'alerter sur ce sujet. On comprend qu'en cette période pré-électorale, leur silence aurait été interprété comme une capitulation dans la défense d'un fleuron national.

Joe Lewis se serait associé à ses voisins aux Bahamas, les Irlandais JP McManus et John Magnier, deux millionnaires ayant fait fortune dans les courses de chevaux. Les deux associés de Lewis détiennent 17% de M&B via leur holding Elpida.

Les trois compères tentent depuis plusieurs semaines d'imposer quatre de leurs hommes au conseil d'administration. Mais ils buttent sur le refus obstiné du président du board, Simon Laffin. L'affaire est déjà rocambolesque : Laffin a secrètement négocié - sans succès - avec l'homme de son ennemi, John Lovering, proposé par Joe Lewis pour prendre la présidence du conseil d'administration à la place de Laffin...

C'est aujourd'hui dans les couloirs de la Chambre des Communes que Laffin pourrait avoir trouvé ses meilleurs alliés.