Le département américain du Commerce a recommandé vendredi à Donald Trump de promulguer des mesures pour restreindre les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis via l'instauration de taxes globales ou spécifiques à certains pays ou de quotas.

"Ces recommandations violent les principes du libre-échange, qui sont le fondement du développement et de la prospérité de l'économie mondiale", a déclaré Kosei Shindo, président de la Fédération japonaise du fer et de l'acier, cité dans un communiqué.

"Nous espérons que Trump va prendre une décision prudente et appropriée", a ajouté Kosei Shindo, qui est également le patron du premier groupe sidérurgique japonais, Nippon Steel & Sumitomo Metal Corp.

Yasuji Komiyama, directeur de la division des industries métallurgiques au sein du ministère japonais de l'Economie, a refusé de s'exprimer sur le projet dévoilé vendredi en déclarant que les Etats-Unis n'avaient pas encore pris de décision définitive.

"Mais le Japon pense qu'aucune importation américaine d'acier ou d'aluminium japonais ne constitue une menace contre la sécurité nationale américaine", a-t-il dit.

Le Japon exporte chaque année environ deux millions de tonnes de produits sidérurgiques vers les Etats-Unis, ce qui ne représente qu'environ 5% de l'ensemble des exportations du secteur. L'évolution de la politique commerciale américaine inquiète tout de même les sidérurgistes nippons.

"Ma principale crainte, c'est de savoir jusqu'à quel point le président Trump va-t-il refermer le commerce", a déclaré la semaine dernière Eiji Hayashida, président de JFE Holdings, numéro deux du secteur au Japon.

"Si les Etats-Unis prennent des initiatives (pour limiter les importations), cela pourrait provoquer des mesures de rétorsion de la part d'autres pays. Ce qui est le plus ennuyeux, c'est de voir le monde prendre la direction du protectionnisme", a-t-il ajouté.

Toshiharu Sakae, vice-président exécutif de Nippon Steel, craint pour sa part que l'Asie ne se retrouve noyée sous une offre d'acier surabondante, faute de débouchés aux Etats-Unis en cas de relèvement des barrières douanières américaines.

"Ce serait très négatif pour nous", a-t-il dit.

"Je ne sais pas si une telle initiative américaine ferait vraiment plaisir aux sidérurgistes, aux utilisateurs d'acier et aux consommateurs aux Etats-Unis", a renchéri lundi Kiyoshi Imamura, directeur exécutif de Tokyo Steel Manufacturing.

(Yuka ObayashiBertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)