C'est un documentaire diffusé par la télévision norvégienne la semaine dernière qui a révélé le pot aux roses. La Grameen Bank, établissement de microcrédit lancé par Muhammad Yunus au Bangladesh, aurait détourné entre 1996 et 1998 quelque 96 millions de dollars d'aides perçues, au bénéfice d'une autre société du groupe, Grameen Kalyan, qui n'a rien à voir avec le microcrédit.

L'ambassade norvégienne au Bangladesh, par qui ont transité ces aides, pensait que l'argent irait directement financer des prêts au logement. Les autorités norvégiennes ont immédiatement diligenté une enquête sur le fonctionnement de la banque de microcrédit.

Cette dernière a assuré qu'il ne s'agissait en aucun cas d'un acte répréhensible, mais d'une banale procédure de transfert de compte réalisée pour des raisons fiscales. Seul problème, cette opération ne figure pas dans le rapport annuel de la Grameen Bank et violerait les règles financières du Bangladesh, ainsi que la confiance des investisseurs.

Le prix Nobel de la paix, sommé de rembourser les aides indûment transférées, en aurait déjà remboursé une bonne partie, tout en assurant que le solde avait été utilisé pour des causes sociales, comme prévu. Pour autant, il s'est ému que ces « allégations » puissent créer « beaucoup de malentendus au sein du gouvernement du Bangladesh ».

La réputation de la microfinance, saluée comme le moyen le plus efficace pour aider les populations les plus démunies à sortir de la pauvreté, est donc de nouveau malmenée. De fait, Muhammad Yunus n'avait vraiment pas besoin de cette affaire, alors même que la Grameen Bank est déjà accusée de faire de curieux profits sur le dos des emprunteurs, en raison de taux d'intérêt pas si dérisoires.