A données comparables et sur l'ensemble de 2015, la croissance des ventes de Nestlé s'affiche à 4,2%. Ce taux est identique à celui des neuf premiers mois de l'année, mais il surtout inférieur aux “sacro-saints” 5% pour la 3e année de suite et ne devrait pas s'améliorer en 2016. Nestlé n'a donc pas atteint la fourchette haute de ses prévisions en la matière, et il aussi manqué les prévisions du consensus en termes de marge.

Ce matin à Zurich, l'action Nestlé perd 3,4% à 71,6 francs suisses.

Patron opérationnel du groupe, Paul Bulcke se défend en évoquant une croissance 'dans la fourchette supérieure de l'industrie dans ce qui demeure un environnement difficile'.

Rappelons que lors de la présentation des ventes du 3e trimestre, le 15 octobre dernier, le groupe avait abaissé sa prévision de croissance organique annuelle d'environ 5% à environ 4,5%.

Pour mémoire, historiquement, Nestlé était capable d'afficher une croissance supérieure à 5%, sorte de 'nombre d'or' pour le groupe. Nestlé n'a plus affiché de croissance organique supérieure à 5% depuis 2012 (5,90%), et semble donc bien parti pour ne pas faire mieux en 2016.

L'an dernier, les ventes du groupe, soit 88,8 milliards de francs, ont donc progressé de 4,2% en données à organiques, ce qui comprend 2,2 point de pourcentage de croissance interne réelle (en gros, des volumes) et 2 points de hausses de prix. On notera cependant que la croissance des volumes se limitait à 1,7% au 1er semestre, puis à 2% sur neuf mois. Le patron du groupe, Paul Bulcke, souligne d'ailleurs 'une croissance interne réelle qui a gagné en dynamique'.

L'impact négatif des changes a atteint 7,4%.

Par grande région, la croissance organique a atteint 1,9% dans les pays industrialisés (chiffre en baisse par rapport à celui sur neuf mois), et 6,8% dans les émergents (en hausse). La palme revient au continent américain (+ 5,8%), suivi de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord (3,5%) et de l' Asie, Océanie et Afrique subsaharienne (1,9%).

En données publiées, le résultat opérationnel courant a baissé de 4,5% à 13,4 milliards de francs et la marge a baissé de 20 points de pourcentage, à 15,1% (elle était attendue vers 15,4%). Nestlé calcule qu'à changes constants, ce qui exclut notamment un franc suisse bien orienté, elle augmente de 10 points.

Enfin, le bénéfice net part du groupe recule de 37,3% 9,1 milliards de francs, soit 2,90 francs par action. En cause : les exceptionnels positifs constatés l'an dernier, selon Nestlé, qui explique : 'la différence de 5,4 milliards de francs par rapport à l'an dernier a été principalement le fait de l'impact ponctuel de la cession en 2014 d'une partie de notre participation dans L'Oréal, combinée à la réévaluation de la participation de Galderma. A cela s'ajoutent des effets de taux de change.'

D'ailleurs, 'le bénéfice récurrent par action à taux de change constants a augmenté de 6,5%', calcule le groupe.

De ce fait, le dividende qui sera proposé à l'AG du 7 avril prochain sera de 2,25 francs par action (+ 2,3%).

En guise de perspectives pour 2016, Nestlé s'attend à un “environnement commercial (...) similaire aux années précédentes, avec une adaptation des prix encore plus légère”. Paul Bulcke s'attend donc à une croissance organique similaire à celle de 2015, “avec une amélioration des marges et du bénéfice récurrent par action à taux de change constants, ainsi que de la rentabilité du capital”.

Chez Bryan Garnier ce matin, les analystes se montrent franchement déçus : 'pas de rachats d'action ni de retour au modèle économique de Nestlé', pestent-ils. 'La croissance organique du 4e trimestre est ressortie au-dessous du consensus à cause des changes', estiment-ils. Certes, elle a dû se situer à 4,2% au T4, soit plus que les 3,7% du T3, mais l'amélioration est légère.

De plus, le marché tablait aussi sur une hausse de 10 points de base de la marge opérationnelle courante, finalement ressortie en baisse de 20 points.

Enfin, 'la plus forte source d'inquiétude provient de la prévision de croissance organique pour 2016 (4,2%), ce qui signifie que Nestlé ne va pas revenir au taux auquel son modèle économique nous a habitué (5-6%)', indique encore Bryan Garnier, qui reste neutre sur la valeur en visant 76 francs.


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