Le 6 juin dernier, le groupe Virgin a annoncé un investissement de 300 millions de dollars sur 5 ans pour faire son entrée sur le marché latino-américain des télécoms. L’objectif poursuivi : devenir opérateur mobile virtuel (MVNO) avec Virgin Mobile dans 8 pays de la région, en louant les réseaux des grands opérateurs existants.

La Colombie est une des cibles prioritaires, pour plusieurs raisons. D’abord la croissance continue du PIB offre des gages de solidité économique ; ensuite le taux d’équipement en télécoms de la population suit une pente particulièrement dynamique. Le marché colombien des télécoms apparait comme le troisième en importance du demi-continent, derrière le Brésil et le Mexique.

Richard Branson sait pourtant très bien que cette offensive est risquée, dans une région du monde dominée par America Movil, géant des télécoms et de l’Internet dirigé par le Mexicain Carlos Slim, accessoirement l’homme le plus riche du monde.

Le marché colombien est ainsi partagé entre deux colosses : Comcel, filiale d’America Movil, et Movistar, propriété de l’espagnol Telefonica, qui, à eux deux, équipent respectivement 30 et 12 millions de Colombiens. Deux petits opérateurs, Tigo et Uff, parviennent toutefois à exister grâce à leur positionnement low-cost.

Richard contre Goliath !
Sir Richard devrait quand même avoir du mal à s’imposer dans le pays. Le montant des investissements prévus, 300 millions de dollars, est ainsi jugé insuffisant, eu égard aux lourds tributs à s’acquitter les premières années d’installation. Ensuite, il n’y a pas en Colombie de cadre réglementaire spécifique pour les opérateurs virtuels, propre à définir les droits et devoirs de ces derniers.

Enfin, pour séduire, l’offre de Virgin Mobile devra se distinguer de la concurrence, alors même que Carlos Slim ne va pas manquer de riposter à l’offensive menée par le milliardaire britannique. Notre baron mexicain a pour lui les avantages liés à la taille de son réseau et à sa présence depuis des années sur un marché qu’il connait bien. Il arrive que David lutte avec succès contre Goliath, mais l’inverse arrive quand même plus souvent...