A 82 ans, Warren Buffett, souvent présenté comme l'un des investisseurs financiers les plus avisés au monde, a également plaidé en faveur de l'accession future de son fils, Howard, à la présidence non-exécutive du groupe, en expliquant que son rôle consisterait à assurer que Berkshire dispose du meilleur directeur général possible.

Berkshire Hathaway, dont la capitalisation boursière globale dépasse 267 milliards de dollars (203 milliards d'euros), possède des participations dans plusieurs dizaines d'entreprises, principalement dans l'assurance et la réassurance, la finance et le transport ferroviaire mais aussi dans la distribution, l'industrie et les médias. Il emploie directement 280.000 personnes dans le monde.

Pendant et depuis la crise financière, le groupe est venu apporter son soutien à de grands groupes comme General Electric ou Goldman Sachs en achetant une partie de leur capital.

Le groupe figure aussi parmi les principaux actionnaires d'American Express (avec 13,8% du capital selon les données Thomson Reuters), de Coca-Cola (9%) ou encore d'IBM (6,1%).

La décision de Berkshire d'investir dans une entreprise est souvent considérée comme un gage de qualité accordé à la gestion de celle-ci.

Mais la question de la succession de Warren Buffett alimente les spéculations depuis plusieurs années déjà, certains actionnaires et analystes doutant de la capacité du groupe à trouver un dirigeant aussi charismatique et bon gestionnaire que son fondateur.

Une question qu'a posée samedi par l'investisseur Doug Kass, l'un des invités de l'assemblée générale annuelle de Berkshire, à Omaha, dans le Nebraska, mais écartée aussitôt par Warren Buffett.

"Berkshire est le numéro d'urgence quand il y a une vraie panique sur les marchés et que certains ont vraiment besoin de beaucoup de capitaux", a-t-il dit.

LA POLITIQUE DE LA FED PROFITE AUX USA

"S'il arrive que le Dow chute de 1.000 points par jour pendant quelques jours et si, une fois que la mer s'est retirée, on s'aperçoit que certains baigneurs sont nus, ces baigneurs nus (...) appelleront Berkshire", a-t-il ajouté, reprenant l'une de ses métaphores favorites.

Il a ensuite assuré que son fils Howard, 58 ans, dont l'agriculture et la philanthropie sont les principaux centres d'intérêt, serait parfaitement qualifié pour assumer la présidence non-exécutive du groupe.

"Il ne se fait aucune illusion sur sa capacité à gérer l'entreprise", a-t-il dit. Il ne sera pas payé pour diriger l'entreprise. Il devra seulement se poser la question de savoir si le conseil d'administration (...) doit changer le directeur général."

Comme à son habitude, Warren Buffet n'a parlé de son successeur que comme du "directeur général", sans révéler l'identité de son favori pour le poste. Parmi les noms régulièrement avancés figurent ceux d'Ajit Jain, qui dirige les activités d'assurance du groupe, et Matt Rose, le patron de la branche de transport ferroviaire.

Lors de l'assemblée, Warren Buffett, a de nouveau exprimé son soutien à la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine, tout en admettant le risque que celle-ci devienne "très inflationniste".

"Cela revient à regarder un bon film sans connaître la fin", a-t-il ajouté. "Nous avons largement profité, le pays a largement profité de ce qu'a fait la Fed", a-t-il souligné.

Le milliardaire a aussi salué la politique budgétaire de l'administration Obama, caractérisée par des déficits importants, expliquant qu'il était certes difficile de rompre avec les déficits mais que cela était moins grave que de suivre une stricte politique d'austérité.

"On constate une certaine reprise des prix immobiliers qui a des effets psychologiques", a-t-il dit à propos de la conjoncture.

Avant lui, Matt Rose avait évoqué la forte hausse des commandes enregistrée par Burlington Northern, la compagnie de transport ferroviaire contrôlée par le groupe.

Marc Angrand pour le service français

par Jonathan Stempel et Jennifer Ablan