Le cru 2015 se solde ainsi par une baisse de 2,2% de l'indice Dow Jones alors que le Standard & Poor's-500, plus large, termine sur un repli de 0,7%, sa première année de baisse depuis 2011. L'indice Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, s'en est mieux sorti avec un gain de 5,7% sur 2015, année qui l'a vu enfin dépasser ses niveaux de la bulle internet en 2000.

Sur la séance de jeudi, le Dow Jones a cédé 178,84 points, soit 1,02%, à 17.425,03 et le S&P-500 19,42 points (0,94%) à 2.043,94. Le Nasdaq a reculé de 58,44 points ou 1,15% à 5.007,41, le tout dans des volumes qui n'ont pas dépassé les 5,3 milliards de titres échangés, contre une moyenne de 7,2 milliards sur les 20 dernières séances.

Le S&P, indice de référence des gérants américains, a culminé à 2.134 points en mai avant de corriger en août de 11% en huit jours, dans la crainte d'un ralentissement de l'économie mondiale après la dévaluation surprise du yuan chinois.

L'indice CBOE de la volatilité, surnommé le baromètre de la peur à Wall Street, avait alors atteint un pic de sept ans avant de retomber comme un soufflé. Il a clôturé jeudi à 18,21, en repli de 5,2% sur l'année.

"Si on regarde le niveau du S&P au 31 décembre 2014 et qu'on le compare à celui du 31 décembre 2015, on a l'impression qu'il ne s'est rien passé cette année. Et pourtant, on a eu ces fluctuations incroyables", note Donald Selkin, stratège chez National Securities à New York. "La leçon, c'est qu'il faut surveiller les extrêmes. Les jours où tout va mal, il faut se boucher le nez et acheter, ne pas avoir peur."

En tenant compte des dividendes, le S&P affiche toutefois un rendement faiblement positif sur 2015, de 1,4%.

MAUVAISE ANNÉE POUR L'ÉNERGIE... ET APPLE

Reflétant la baisse d'un tiers des cours du brut, l'indice S&P de l'énergie a perdu 23,5% en 2015, suivi d'un recul de près de 10% du compartiment des matériaux.

Huit des dix plus fortes baisses du S&P en 2015 ont été des valeurs de l'énergie, le bonnet d'âne revenant à Chesapeake Energy avec une chute de 77% de son cours de Bourse.

A l'inverse, le secteur des valeurs de consommation discrétionnaire a réalisé la meilleure performance avec un gain de 8,4%, emmené par Netflix et Amazon qui ont engrangé respectivement 134% et 118%.

C'est aussi ce compartiment qui s'est le mieux comporté au sein du Dow, où Nike domine le palmarès avec une hausse de 30%.

Jeudi, les valeurs de l'énergie ont fait de la résistance et leur indice, en hausse de 0,34%, a été le seul des dix principaux indicateurs sectoriels S&P à finir la séance dans le vert - tout en bouclant le mois de décembre sur un recul de 10%.

Apple, en repli de 1,92% à 105,26 dollars, a apporté la plus forte contribution à la baisse des trois principaux indices au terme d'une année qui aura vu la première capitalisation boursière mondiale perdre 4,6%, sa première baisse depuis 2008.

DES RISQUES QUI PERDURENT EN 2016

"Une dernière séance sans inspiration qui conclut une année difficile", résume John Augustine, en charge des investissements chez Huntington Wealth & Investment Management. "On finit 2015 sur une note très pessimiste, avec des attentes très faibles pour 2016."

Les risques entrevus en 2015 seront encore présents en 2016, confirme David Joy, analyste marchés chez Ameriprise Financial in Boston, en citant pêle-même les valorisations élevées, la faible croissance des résultats et le rythme décevant de la reprise. "Sans oublier, bien sûr, la variable des taux d'intérêt de la Fed", ajoute-t-il.

Sur la semaine, le S&P-500 a cédé 0,8%, le Dow 0,7% et le Nasdaq 0,8%, pour des reculs respectifs de 1,8%, 1,7% et 2% sur le mois de décembre. Le bilan du quatrième trimestre est toutefois positif pour les trois grands indices avec des gains de 6,4% pour le S&P, de 7% pour le Dow et de 8,4% pour le Nasdaq, malgré la poursuite de la baisse des cours du brut.

Les volumes sont également restés limités sur le marché des changes jeudi où le dollar a repris des couleurs face à l'euro, gagnant autour de 0,5% à 1,0866. Soutenu par le début de normalisation de la politique monétaire américaine, le billet vert s'est apprécié de 9% face à un panier de grandes devises en 2015 et il a pris en particulier 10% contre l'euro, en hausse pour la deuxième année consécutive.

L'appréciation de la devise américaine explique en grande partie la sous-performance de Wall Street par rapport à l'Europe, où l'indice FTSEurofirst 300 a pris 5% en 2015. Au Japon, le Nikkei a quant à lui terminé l'année sur un gain de 9%.

Sur le marché obligataire, le rendement de l'emprunt du Trésor américain à 10 ans a fini l'année à 2,269%, en hausse de 27 points de base. Celui de la note à deux ans s'est établi à 1,051% après avoir atteint mardi un pic depuis avril 2010 à 1,103%.

Le rendement du 30 ans a fini 2015 à 3,015%, en hausse de huit points de base sur l'année.

(avec Abhiram Nandakumar à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)

par Noel Randewich