Paris (awp/afp) - Le groupe de chimie français Arkema a annoncé mercredi vouloir racheter 54% du spécialiste sud-coréen des polymères de haute performance PI Advanced Materials (PIAM), valorisé à 728 millions d'euros, et compte désormais se concentrer sur la croissance organique.

PIAM, qui fabrique des films polyimides "très haute performance" résistants à la chaleur et offrant une "isolation électrique exceptionnellement élevée", présente la perspective d'une "croissance élevée sur les marchés attractifs de l'électronique grand public et des véhicules électriques", selon un communiqué.

Ces matériaux peuvent être utilisées notamment dans les batteries lithium-ion, les antennes 5G, les écrans OLED, les écrans flexibles ou encore la fabrication de semiconducteurs.

Ils répondent au besoin de "miniaturisation" de la téléphonie et de l'électronique qui ont besoin de matériaux très fins et très isolants, a précisé le groupe.

Dans les moteurs des voitures électriques, ces films sont utilisés comme revêtements des bobines de cuivre, pour les smartphones et les voitures, il permet de réaliser des circuits imprimés flexibles. Dans les batteries, il sert à l'isolation électrique et thermique entre les cellules.

Ces polymères ne sont ni recyclés ni recyclables, mais sont utilisés "en très faible quantité", de l'ordre de moins de 1 gramme dans un smartphone et de quelques dizaines de grammes dans un véhicule, a fait valoir le groupe, en signalant que le marché mondial s'élève à "quelques dizaines de milliers de tonnes dans le monde".

"C'est une belle acquisition, une opportunité stratégique rare et unique d'élargir la gamme de polymères d'Arkema, car notre volonté est de devenir un pur acteur des matériaux de spécialité" a commmenté le PDG du groupe, Thierry Le Hénaff, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.

PIAM, entreprise aux quelque 320 employés, est "leader mondial" dans son domaine avec une part de marché qu'Arkema estime à 30%, et a connu une croissance des ventes de 13% en moyenne entre 2012 et 2021. Elle dispose de deux sites de production ainsi que de deux centres de R&D en Corée du Sud.

Ses principaux concurrents sont l'americain Dupont et les deux groupes japonais Toray et Kaneka, a précisé M. Le Hénaff.

PIAM a dégagé sur cette période une marge d'exploitation (EBITDA) de 30%.

En 2022, le chiffre d'affaires a atteint "environ 200 millions d'euros", temporairement affecté" par le "déstockage observé sur le marché mondial de l'électronique grand public".

"Dans les prochaines années, les ventes de PIAM devraient croître d'environ 13% par an", estime le groupe français.

Arkema a identifié des synergies d'environ 30 millions d'euros (en termes d'EBITDA), qui "devraient être atteintes progressivement au cours des cinq prochaines années".

Cette acquisition "complète la stratégie d'Arkema" de cessions d'activités dans des secteurs plutôt cycliques et de renforcement dans les polymères de spécialité, a dit M. Le Hénaff. "Pour les prochaines années", Arkema "donnera la priorité à la croissance organique", indique le groupe dans son communiqué.

"En termes de grosses acquisitions, on est bien doté maintenant, on continera les acquisitions de plus petite taille au fil de l'eau de quelques dizaines de millions d'euros" a précisé M. Le Henaff, "en particulier dans les adhésifs".

Les 46% d'actions restantes de PIAM continueront à être cotées à la Bourse coréenne à l'issue du rachat qui reste soumis à "l'approbation des autorités de la concurrence chinoises et coréennes" et "devrait être finalisé fin 2023". Mais le groupe consolidera 100% dans ses comptes, a-t-il indiqué.

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