Zurich (awp) - Barry Callebaut a réussi à répercuter la hausse des coûts à ses clients, lui permettant d'augmenter ses recettes sur les trois premiers mois de son exercice décalé 2022/2023. Les effets de l'interruption de la production sur le site belge de Wieze ont, au contraire, pesé sur les volumes.

Entre septembre et fin novembre, le chiffre d'affaires s'est enrobé à 2,11 milliards de francs suisses, en hausse de 3,8% en francs suisses et de 7,2% en monnaies locales. La progression a été portée par l'augmentation des prix des matières premières et le contexte inflationniste, dans lequel le groupe a pu répercuter la hausse des coûts, indique le fabricant de produits à base de chocolat et de cacao mercredi.

Les volumes ont en revanche décru de 5,1% dans un marché globalement en déclin à 578,7 kilotonnes. L'activité de chocolat a baissé de 5,8% en raison des "effets résiduels de la montée en puissance de l'usine de Wieze", à nouveau opérationnelle fin octobre après que des salmonelles ont été détectées cet été. Elle a aussi souffert d'une solide base de comparaison (+9,6%) un an plus tôt.

Parmi les régions, un recul de 2,4% a été enregistré aux Amériques, où "les clients industriels ont été affectés par des marchés plus prudents, ce qui a conduit des clients à privilégier le déstockage et à reporter les commandes". L'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique (Emea) a enregistré une chute de 8,5%, en raison du redémarrage progressif de l'usine du plat pays. Le volume des ventes dans la région Asie-Pacifique est resté à peu près stable (+0,1%).

Le démarrage dans l'exercice a été poussif pour les "moteurs de croissance clés du groupe", comme les marchés émergents (-3,8%) et la catégorie Gourmet & Specialties (-11,2%), pénalisée par la remise en ordre de marche de l'usine de Wieze.

Nouveaux objectifs à moyen terme

Sur les trois premiers mois de l'exercice, les prix des fèves de cacao ont augmenté en moyenne de 8,1% par rapport à la période précédente, tandis que les prix du sucre en Europe ont quasiment doublé. Ceux des produits laitiers ont, eux, grimpé de près de 16% sur un an.

Sur cette question de l'envolée des coûts des matières premières, le directeur général Peter Boone s'est refusé à tout pronostic pour les mois à venir. "Mais pour l'instant, le marché est à l'équilibre et nous espérons qu'il le restera", a-t-il expliqué lors d'un entretien téléphonique avec les médias.

La copie rendue par le groupe zurichois s'avère inférieure au consensus de l'agence AWP qui tablait sur des ventes de 2,13 milliards de francs suisses et une baisse des volumes de 3,3% à 590 kilotonnes de marchandise.

"Nous sommes déterminés à atteindre nos objectifs actuels à moyen terme pendant ce dernier exercice, en nous appuyant sur un portefeuille produits particulièrement bien fourni ainsi qu'une base géographique et clients très solide", a assuré le directeur général Peter Boone, cité dans le document.

Pour l'exercice en cours, le groupe zurichois table toujours sur une croissance des volumes de 5% à 7% et un résultat opérationnel (Ebit) supérieur à la croissance des volumes en monnaies locales.

Quant aux trois prochaines années, la direction se montre moins gourmande. Elle table jusqu'à la fin de l'exercice 2025/2026 en moyenne sur une croissance des volumes de 4% à 6% et de l'Ebit de 8 à 10% en monnaies locales, avec une amélioration continue de retour sur capitaux investis (Roic).

Pour Vontobel, ce "trimestre est à oublier", cingle Jean-Philippe Bertschy. La baisse des volumes est non seulement décevante pour le chocolatier industriel mais agit comme un avertissement pour les autres entreprises du secteur, l'analyste pointant le déstockage et l'élasticité des prix.

"Barry a besoin de retrouver une certaine stabilité après un exercice 2022 robuste assombri par l'incident des salmonelles à Wieze et d'importants changements à la direction". Le groupe reste toutefois le fournisseur le plus évident et le préféré de l'industrie grâce à sa puissance d'innovation, sa gestion des coûts et son fort engagement en faveur de la durabilité, assure M. Bertschy, recommandant le titre à "hold".

A la Bourse de Zurich, le titre a fini la journée en hausse de 1,3% à 1910 francs suisses, dans un indice SPI en retrait de 0,33%.

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