BRUXELLES/LONDRES (Reuters) - London Stock Exchange propose de fournir à tous ses concurrents un accès à ses données et à ses activités de compensation pour tenter d'obtenir le feu vert de la Commission européenne à son projet d'acquisition de Refinitiv, fournisseur de données et d'analyses financières, pour 27 milliards de dollars (près de 23 milliards d'euros), a-t-on appris de sources proches du dossier.

Cet engagement fait partie des mesures soumises ce jeudi par l'opérateur de la Bourse de Londres aux autorités européennes de la concurrence. Ces mesures incluent également la vente déjà annoncée de Borsa Italiana, opérateur de la Bourse de Milan, à Euronext pour 4,325 milliards d'euros.

La Commission européenne craint que la création d'un groupe verticalement intégré, associant création et distribution de données financières, et son renforcement dans des domaines tels que la compensation ne posent des problèmes sur le plan de la concurrence en lui permettant de dominer trop aisément ses rivaux ou de peser trop fortement sur la fixation des prix, ont dit les sources.

LSE a refusé de s'exprimer sur le sujet ce jeudi.

La Commission européenne a réduit la liste de ses motifs d'inquiétude dans sa communication des griefs adressée le mois dernier à l'opérateur boursier britannique, a dit l'une des sources, ce qui signifie que ses préoccupations en matière de "verrouillage partiel" des données ne sont pas très fortes.

Cette notion de verrouillage partiel se réfère à la capacité des groupes verticalement intégrés à entraver l'accès de concurrents aux marchés ou à les décourager en influant sur les prix ou les quantités.

Les groupes verticalement intégrés peuvent généralement répondre à ces inquiétudes par des concessions en termes de "comportement", ont dit les sources, ce qui signifie que LSE n'aura pas à subir d'autres mesures structurelles que la vente de Borsa Italiana.

Thomson Reuters, maison mère de Reuters News, possède 45% de Refinitiv, contrôlé par Blackstone.

La Commission européenne a annoncé dans un avis publié jeudi que LSE avait proposé des concessions, sans préciser lesquelles.

L'exécutif européen a désormais jusqu'au 15 janvier pour rendre sa décision sur le projet d'acquisition de Refinitiv par LSE, alors qu'il avait auparavant fixé la date butoir au 16 décembre. Il va solliciter dès vendredi l'avis des concurrents et des clients de LSE.

(Foo Yun CHee à Bruxelles et Huw Jones à Londres; version française Bertrand Boucey)

par Foo Yun Chee et Huw Jones