Il est attesté que la plupart des acquéreurs en série — les fameux "roll-ups" dans le jargon des investisseurs — détruisent davantage de valeur qu'ils n'en créent sur le long terme. 

Les actionnaires de Heico ne rencontrent pas ce problème, merci pour eux. Spécialisé dans l'aéronautique et l'électronique, leur conglomérat affiche une rentabilité à deux chiffres sur ses opérations de croissance externe, qu'il finance sans augmentation de capital ni recours excessif à l'endettement.  

La formule lui a parfaitement bien réussi sur le dernier cycle 2013-2022, avec un chiffre d'affaires qui doublait et un profit qui quadruplait grâce à une expansion continue de ses marges. Sur la période, Heico a conservé un nombre d'actions en circulation identique et même réduit sa dette nette. 

A l'été dernier, le groupe concluait le rachat de Wencor. Ce spécialiste de la distribution de pièces détachées et de la maintenance aéronautique basé en Géorgie représente sa plus grosse acquisition jamais réalisée. Déjà consolidé dans les comptes, Wencor est derrière la hausse du chiffre d'affaires de 34% cette année.

Heico a donc rompu avec ses habitudes, puisqu'il porte désormais au bilan environ $2 milliards de dette nette — soit grosso modo trois fois son profit d'exploitation avant amortissements. Si le groupe reste fidèle à ses bonnes habitudes en matière d'orthodoxie financière, un désendettement rapide devrait se profiler dès les prochaines mois. 

Wencor a été racheté à x13 l'EBITDA. Heico cote actuellement à un multiple deux fois supérieur.