SYDNEY (awp/afp) - Les Australiens ont commencé à voter samedi pour élire leur parlement, un scrutin qui s'annonce serré et pourrait marquer le retour au pouvoir des travaillistes après neuf ans de gouvernement conservateur.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 locales (22H00 GMT) et fermeront à 18h00.

Les plus de 17,2 millions d'électeurs choisissent les 151 sièges de la Chambre des représentants pour un mandat de trois ans. Quarante des 76 sièges du Sénat sont également renouvelés pour six ans. Le parti ou la coalition qui emportera la majorité à la chambre basse sera automatiquement chargé de former le gouvernement.

Le leader de l'opposition travailliste Anthony Albanese, favori dans les sondages pour devenir le prochain Premier ministre, a dit s'attendre à un résultat "serré".

Ces derniers jours, le chef du gouvernement Scott Morrison, au pouvoir depuis 2018 et qui brigue un nouveau mandat, semble avoir réduit l'avance des travaillistes dans les sondages, même s'il apparaît toujours à la traîne.

Un sondage Ipsos publié jeudi dernier donnait aux travaillistes une avance de 53-47% sur la coalition au pouvoir. Un sondage Essential publié la veille indiquait une avance plus étroite des travaillistes, de 48-46%.

Les deux camps tentent de séduire les électeurs qui s'inquiètent de l'augmentation du coût de la vie, avec une inflation annuelle de 5,1% et des salaires qui ne suivent pas en termes réels.

Enjeu climatique

Dans un pays marqué par des inondations, des incendies et des sécheresses de plus en plus graves, les travaillistes promettent de faire davantage pour l'environnement.

M. Morrison soutient les industries du charbon et du gaz, et a résisté aux appels mondiaux en faveur d'une réduction des émissions de carbone hormis l'engagement actuel de -28% d'ici 2030.

Le vote est obligatoire en Australie, et les abstentionnistes s'exposent à une amende de 20 dollars australiens (13 euros).

Les responsables électoraux ont modifié à la dernière minute les règles afin de permettre à un plus grand nombre de personnes positives au Covid-19 de voter par téléphone, lors de ce premier scrutin fédéral depuis le début de la pandémie.

Le Premier ministre Morrison, qui a défié les sondages il y a trois ans lors de ce qu'il a appelé une élection "miracle", martèle le message qui a fonctionné la dernière fois: on ne peut pas faire confiance aux travaillistes en matière d'économie.

Il s'est vanté des nouvelles données montrant que le taux de chômage australien est tombé à 3,9% en avril, son niveau le plus bas en 48 ans, comme d'une "réussite extraordinaire" qui montre que son plan fonctionne.

Il a qualifié M. Albanese d'"élément fragile" en raison de ses gaffes très médiatisées, notamment son oubli du taux de chômage national devant la presse.

"C'est le genre de choses que les Premiers ministres doivent savoir", a déclaré M. Morrison dans une interview vendredi. "Nous avons vu qu'il n'est pas à la hauteur de la tâche et que cela le dépasse".

"Gouvernement de pacotille"

M. Albanese a quant à lui promis une action ferme contre la corruption, après l'échec du gouvernement Morrison à mettre en place un gendarme fédéral anticorruption.

Il a qualifié l'administration Morrison de "gouvernement de pacotille le moins ouvert et le moins équitable de l'histoire politique australienne".

Outre l'économie, les six semaines de campagne électorale ont été fortement axées sur la confiance.

L'honnêteté de M. Morrison a été mise en doute par ses propres ministres et même par le président français Emmanuel Macron, qui a dit avoir été trompé par la décision de l'Australie de rompre un lucratif contrat français de sous-marins.

M. Morrison a admis qu'il pouvait être un "bulldozer". "Je sais qu'il y a des choses qui vont devoir changer dans ma façon de faire", a-t-il reconnu.

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