Meyrin (awp) - Le fabricant de composants électroniques Lem a vu son chiffre d'affaires et son bénéfice progresser au cours du premier semestre de son exercice décalé clos le 30 septembre. La direction se montre néanmoins prudente pour l'ensemble de l'exercice, tout en visant des recettes supérieures à 2022/2023.

Entre avril et septembre, le chiffre d'affaires de Lem a augmenté de 12,8% à 223,3 millions de francs suisses ou de 22,0% à taux de change constants par rapport à la même période de l'exercice précédent, indique un communiqué paru vendredi.

Les entrées de commandes, diminuées de moitié à 141,5 millions, "reflètent la normalisation des schémas de commandes aux niveaux prépandémiques et le ralentissement de certains marchés clés," justifie le groupe genevois.

Le résultat d'exploitation (Ebit) a atteint 51,7 millions, soit une hausse de 12,9%. La marge afférente est restée inchangée à 23,1%. Le bénéfice net s'est fixé à 43,4 millions, contre 35,2 millions au premier semestre 2022. "Le premier semestre 2023/24 est le meilleur de l'histoire de Lem," affirme son directeur général Frank Rehfeld.

Ces résultats dépassent les attentes du consensus AWP. Seules les entrées de commandes déçoivent, attendues à 165,8 millions.

Le chiffre d'affaires a particulièrement progressé dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) avec une hausse de 47,1%, davantage qu'en Asie avec une croissance de 30,2% ou sur le continent américain (5,6%). La Chine a reculé de 16,9% en glissement annuel en raison du ralentissement économique, rapporte le groupe.

"Comme tout le monde, nous avons souffert de la dépréciation. Les effets des taux de change avec un franc fort ont été importants sur les ventes", explique le directeur financier Andrea Borla à l'agence AWP. "L'évolution du reste de l'Asie (en Corée ou au Japon par exemple) a permis de contrebalancer le recul des ventes en Chine."

Par secteur, la plus forte progression revient à la plus petite activité Track à 29,7 millions (+54,6%), suivi notamment de Energies renouvelables à 40,8 millions (22,2%). Le secteur le plus important Automatisation reste stable à 66,9 millions de francs suisses (-0,8%).

Prévisions prudentes et à long terme

"Lem bénéficie de la transition énergétique, et du besoin croissant de compteurs électriques ou de bornes de chargement pour véhicules électriques", souligne M. Borla. En ce sens, le groupe entend continuer d'investir à long terme même si le second semestre est pressenti comme compliqué.

Concernant les conflits et tensions géopolitiques, le directeur général dit ne pas enregistrer de répercussions à court terme, citant d'abord la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. En effet, les restrictions d'exportations de semi-conducteurs vers la Chine décidées par les Etats-Unis concernent des puces de moins de 10 nanomètres et n'ont pas directement touché Lem, comme annoncé lors de la publication des résultats du premier semestre décalé 2022/23.  

"L'Ukraine n'a pas eu un grand impact sur le groupe à court terme, mais à moyen terme avec notamment les effets de la dépendance aux énergies fossiles", explique le CFO. "En Russie, l'usine de Tver, que nous avions déjà fermée, est en cours de liquidation mais cela prend du temps."  

Enfin, concernant le Moyen-Orient, la direction dit ne pas ressentir de répercussions pour le moment. "Dans tous les cas, la fragmentation du monde n'aide pas à investir dans des infrastructures", déplore le directeur général.    

Côté investissements, M. Borla a annoncé une nouvelle collaboration avec le japonais TDK. L'entreprise nippone produira des puces de nouvelle génération pour Lem. "Cette collaboration répond à une tendance importante et est un partenariat stratégique avec un impact encore une fois à long terme."  M. Rehfeld a également confirmé le début de production dans une nouvelle usine en Malaisie avant la fin 2023, dont les contours financiers n'ont pas été précisés.

Au chapitre des prévisions pour l'exercice en cours, la direction se montre prudente après un premier semestre solide indiquant un environnement difficile en Chine et un contexte de récession. Elle souligne cependant un carnet de commandes solide, avec un retour de la demande à court terme au niveau prépandémique.

Lem table sur un chiffre d'affaires annuel entre 420 et 440 millions de francs suisses et une marge Ebit de plus de 20,0%. En 2022/2023, le premier atteignait 406,4 millions et la seconde 22,7%.

A 11h20, la nominative Lem augmentait de 1,4% à 1810 francs suisses dans un SPI en recul de 0,5%.

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