Zurich (awp) - Le chocolatier industriel Lindt & Sprüngli n'a pas relâché la cadence l'année dernière, malgré une conjoncture difficile marquée par la flambée de l'inflation et les tensions géopolitiques, parvenant à améliorer ses ventes. Le groupe des bords du lac de Zurich mise également sur une poursuite de la croissance en 2024.

Sur les 12 derniers mois, la société basée à Kilchberg a enregistré des recettes en hausse de 4,6% à 5,2 milliards de francs suisses. La croissance organique (hors effet des devises et des acquisitions) s'est quant à elle inscrite en légère baisse à 10,3%, après 10,8% en 2022, a indiqué l'entreprise mardi dans un communiqué.

Les effets de change ont pesé à hauteur de 4,4% sur les ventes du groupe, qui a enregistré une solide croissance en Europe (+9,1%), en Amérique du Nord (+11%) et dans les autres régions du monde (+12,9%).

Le chiffres d'affaires est conforme aux prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP, alors que la croissance organique dépasse les projections du marché.

L'entreprise, qui produit des lapins en chocolats et des pralines, a rappelé que l'année écoulée a été marquée par les "incertitudes géopolitiques" - en allusion à la guerre en Ukraine et dans la bande de Gaza - et une "inflation persistante" qui ont eu pour effet de "déprimer le moral des consommateurs dans de nombreux pays".

Le prix du cacao s'envole

Au niveau des coûts, le groupe a fait face à la volatilité des prix des matières premières comme le cacao, dont les tarifs se sont envolés de 63% sur un an, et le sucre (+9,5%). Il est néanmoins parvenu à les compenser par des mesures d'efficience dans sa production, mais aussi par des hausses de prix. Le tourisme et les ventes en ligne ont également contribué à soutenir la demande.

En juillet dernier et à la faveur de la bonne tenue des affaires au premier semestre, Lindt & Sprüngli avait relevé ses perspectives pour l'ensemble de 2023, qui ont été confirmées ce mardi. La direction table sur une marge opérationnelle (Ebit) de 15,5%, après 15,0% en 2022. Le groupe s'attend également à un apport exceptionnel "important", mais non spécifié, au niveau du bénéfice net en raison d'un effet fiscal.

Pour 2024, le chocolatier table sur une croissance organique entre 6% et 8%, ainsi que sur une marge opérationnelle améliorée de 20 à 40 points de base, des perspectives conformes à ses objectifs financiers à moyen et long terme.

Les résultats détaillés, avec notamment les chiffres clés de la rentabilité et le dividende, seront dévoilés le 5 mars.

Les analystes saluent

Les analystes de Vontobel ont souligné "une troisième année consécutive de croissance organique à deux chiffres", qui se situe "bien en amont des attentes du marché". Le groupe zurichois "a encore une fois démontré sa force en matière de fixation des prix grâce à son positionnement sur le marché premium au niveau mondial", ont ajouté les experts dans un commentaire. La solide croissance devrait se poursuivre en 2024, malgré l'envolée du prix du cacao qui a dépassé les 4300 dollars par tonne.

Un nouveau programme de rachat d'actions pourrait être en vue en mars, l'actuel étant achevé à 85%, a ajouté l'établissement zurichois.

Les spécialistes de Baader Helvea ont pour leur part relevé la forte performance du groupe en Europe, alors que le moral des consommateurs y est changeant et que Lindt & Sprüngli profite déjà d'une part de marché importante. Les ventes ont également été soutenues par la poursuite de la reprise dans le secteur du tourisme et des voyages, ont-ils ajouté dans une note de marché.

Ces derniers ont aussi relevé les risques pour la demande liés aux médicaments coupe-faim, s'interrogeant: "offririez-vous des pralines si vous n'êtes pas certain que le récipiendaire prend un traitement GLP-1" contre le surpoids. Les chocolats premium de Lindt & Sprüngli sont principalement vendus en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, des régions où ce médicament est très répandu.

Le bon de participation Lindt a fini en hausse de 7,9% à 11'130 francs suisses dans un SLI en gain minime de 0,03%. Sur le marché élargi, la nominative gagnait 6,6% à 110'600 francs suisses, dans un SPI en gain de 0,23%.

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