(Actualisé tout du long)

par Giuseppe Fonte et Sara Rossi

ROME, 9 août (Reuters) - La Ligue d'extrême droite du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini a déposé vendredi une motion de censure destinée à renverser le gouvernement de coalition auquel il appartient dans l'espoir de convoquer des élections législatives anticipées dont il compte sortir vainqueur afin de gouverner seul l'Italie.

Bien que le parlement soit en vacances d'été, Salvini a convoqué tous les parlementaires de la Ligue pour qu'ils soient présents lundi à Rome afin d'obtenir un vote sur la motion de défiance la semaine prochaine.

Les partis de l'opposition préfèrent, pour leur part, attendre jusqu'à la semaine suivante, le 19 ou le 20 août.

La décision reviendra aux présidents des groupes parlementaires du Sénat qui doivent se retrouver lundi pour fixer le calendrier.

"Ceux qui perdent du temps pénalisent l'Italie afin de sauver leurs postes", a accusé Salvini qui a déclenché jeudi une crise politique en annonçant que la coalition avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S anti-système) ne fonctionnait plus.

Les deux partis qui se partagent le pouvoir depuis 14 mois s'opposent sur de nombreuses questions, dont celle de l'achèvement de la ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin.

Si des élections anticipées devaient avoir lieu, elles pourraient se tenir en octobre, alors que doivent être menés les préparatifs pour le budget 2020.

Se plaçant déjà dans l'optique d'une campagne électorale, Matteo Salvini a promis vendredi à ses partisans que si la Ligue remportait les élections il mettrait en pratique une baisse des impôts, en dépit de l'opposition formulée par la Commission européenne inquiète d'un accroissement de la dette italienne.

Cette dette représente 134% du produit intérieur brut (PIB) du pays et, à 2.350 milliards d'euros, elle est la plus importante des Etats membres de la zone euro.

Cette situation qui inquiète Bruxelles pose la question des arbitrages qui devront être faits lors du budget pour 2020 cet automne à un moment où la croissance économique de l'Italie est proche de zéro.

FENÊTRE DE TIR

Rome et Bruxelles se livrent depuis des mois à un marchandage sur le montant autorisé du déficit public de l'Italie, les Européens souhaitant que celui-ci soit de 2% du PIB.

"Nous allons réduire les impôts pour les salariés et pour les entrepreneurs", a déclaré Salvini lors d'un meeting vendredi dans la région d'Apulia retransmis en direct du Facebook.

"Le but du prochain gouvernement est d'instaurer un taux d'imposition de 15% pour de nombreux Italiens. Si l'Union européenne nous laisse le faire, tant mieux, sinon nous le ferons quand même", a-t-il poursuivi.

Salvini, qui peut compter sur une forte cote de popularité comme l'ont montré les résultats des élections européennes en mai, n'a pas hésité à provoquer une crise gouvernementale dans l'espoir de s'imposer comme le seul dirigeant du pays.

Si Salvini tente de contrôler l'agenda parlementaire et électoral, seul le président de la République Sergio Mattarella dispose du pouvoir de dissoudre le parlement.

Il pourrait vouloir la constitution d'un autre gouvernement avant de renvoyer les parlementaires devant leurs électeurs.

Mattarella pourrait se montrer d'autant plus réticent que les travaux préparatoires pour le budget doivent débuter en septembre.

La volonté de Salvini d'aller vite peut s'expliquer par le calendrier parlementaire : début septembre, députés et sénateurs doivent entamer des débats sur la réduction du nombre des parlementaires, une mesure qui risque de retarder de plusieurs mois la fenêtre de tir pour convoquer des élections anticipées.

(Giuseppe Fonte, Pierre Sérisier pour le service français)