* Un "coup de massue" pour le personnel de PSA

* François Hollande "extrêmement préoccupé"

* Plan pour l'automobile en conseil des ministres fin juillet

* L'UMP parle de "cote d'alerte", les Verts de temps perdu (Actualisé avec Hollande)

PARIS, 12 juillet (Reuters) - Symbole des difficultés de l'industrie française, choc pour l'opinion, l'annonce jeudi des suppressions massives d'emplois chez PSA est le premier grand test social pour l'exécutif socialiste, qui a fait du redressement productif une priorité.

Le président François Hollande a fait part de son "extrême préoccupation" tandis que des réactions de colère accueillaient la nouvelle de la restructuration du groupe automobile qui prévoit 8.000 suppressions d'emplois et la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. (voir )

La CGT dénonce une "injustice", l'UMP réclame des mesures pour la compétitivité des entreprises, le Parti communiste une loi contre les licenciements abusifs, et les Verts déplorent l'inertie de l'Etat depuis des années.

Le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg de "tout mettre en oeuvre pour limiter les conséquences sociales de ce plan", a fait savoir l'Elysée.

L'interview du 14-Juillet devrait être l'occasion pour le président de revenir sur ce dossier des plans sociaux qui se multiplient depuis son élection, il y a deux mois - chez Doux, Air France ou encore Castorama.

Dans un communiqué publié dans la matinée, Jean-Marc Ayrault évoque le "véritable choc" pour les salariés de PSA et annonce pour le 25 juillet un plan de soutien à la filière automobile.

Le gouvernement ne saurait accepter "en l'état le plan développé par PSA", a déclaré Arnaud Montebourg, convoqué à Matignon en tout début de journée.

"Nous allons donc questionner, en liaison avec les organisations syndicales qui auront leur propre expert, et nous allons ensuite demander à PSA de justifier la situation", a-t-il dit lors des questions d'actualité au Sénat.

Le ministre demande à PSA "d'examiner loyalement toutes les autres solutions que celles qu'il a réservées à plusieurs sites de France et notamment à ces milliers de salariés concernés et de familles".

750.000 EMPLOIS PERDUS

Jean-Marc Ayrault a déclaré voir dans la grave situation de l'industrie - 750.000 emplois perdus en dix ans - une justification du renouveau du dialogue social symbolisé par la "grande conférence sociale" du début de la semaine.

"Trouvez-vous normal que les représentants des salariés ne soient pas présents dans les conseils d'administration pour être informés en amont des stratégies des entrepreneurs qui souvent pour des raisons de court terme, financières, envoient dans le mur des groupes industriels ?", a-t-il dit aux sénateurs. "Cette façon de faire est terminée, nous voulons tourner la page".

Le volontarisme est pour l'instant la seule arme du gouvernement en réponse à ce que la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, qualifie "d'onde de choc".

Annoncé à l'orée des vacances d'été, le plan de PSA n'est pas une surprise, les syndicats ayant tiré la sonnette d'alarme il y a déjà un an.

"C'est une confirmation, malheureusement", a reconnu sur France Inter le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, qui a réclamé "des dispositions d'urgence" pour "empêcher d'être uniquement spectateur".

Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, a déploré sur RMC le temps perdu :

"Ça fait des années qu'on sait que l'automobile est dans une logique qui est très proche de celle de la sidérurgie", a-t-il déclaré. "Les pouvoirs publics n'ont pas pris la mesure de la difficulté. Ils n'ont pas anticipé, ils n'ont pas vu l'avenir".

"PSA NOUS DÉCLARE LA GUERRE"

La députée communiste de Seine-Saint-Denis Marie-George Buffet a réclamé d'urgence une loi contre les licenciements dans les entreprises rentables.

A ceux qui demandent l'interdiction pure et simple des licenciements, le ministre du Travail, Michel Sapin, répond que le gouvernement "ne va pas se substituer à l'entreprise".

"Ce n'est pas l'Etat qui va nationaliser Renault et Peugeot, on n'en est pas là", a-t-il dit sur BFM-TV.

Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique, en a appelé sur LCI au "patriotisme des grands groupes" qui, comme PSA, ont été "largement aidés par l'argent public, par l'Etat".

Pour Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, "la cote d'alerte est dépassée".

"Il s'agit d'assumer enfin que la priorité absolue pour notre pays, c'est la compétitivité de notre industrie", a-t-il dit sur France Info.

Marine Le Pen, présidente du Front national, demande à l'Etat de soutenir l'industrie française "en la protégeant de la concurrence internationale déloyale".

C'est du côté des syndicats de PSA que le constat était le plus amer après ce "coup de massue sur tout le personnel du site", selon l'expression d'une déléguée d'Aulnay.

"PSA nous déclare la guerre", a renchéri Michael Gallais, délégué CGT de l'usine PSA de Rennes.

"Nous avons un sentiment d'injustice, alors que PSA a de l'argent plein les poches (...) et fait régulièrement appel à l'argent public. C'est intolérable", a-t-il déclaré à la presse devant l'usine bretonne. (Elizabeth Pineau, avec service France, édité par Patrick Vignal)