Paris (awp/afp) - Le groupe automobile Stellantis a enregistré une marge record et un bénéfice net de 8 milliards d'euros au premier semestre, en continuant à augmenter ses prix sur un marché au ralenti.

Le groupe aux quatorze marques, né de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler, a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 17%, à 88 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle à 14,1%, jamais atteinte auparavant par ces constructeurs.

Stellantis a pourtant vu ses ventes baisser de 7%, avec 2,9 millions de véhicules écoulés au niveau mondial, sur un marché automobile fortement ralenti par les pénuries de puces électroniques.

Les ventes ont notamment été touchées par l'effondrement du marché européen, où celles de la nouvelle Peugeot 308, du Fiat Scudo et de la DS4 "sont plus que contrastées par l'impact des pénuries de semi-conducteurs", a précisé Stellantis.

Dans ce contexte, le résultat du premier semestre est le reflet de prix en hausse, de ventes de véhicules plus haut de gamme et d'effets de change positifs, a souligné le groupe dans un communiqué.

Stellantis a notamment enregistré une rentabilité "record" en Amérique du Nord où les prix et les ventes de ses Jeep et Chrysler ont fortement progressé, avec une marge opérationnelle courante à 18,1%. Les ventes de Fiat se sont aussi bien reprises en Amérique latine.

Partout, le groupe a privilégié la production des modèles les plus rentables, dont les véhicules 100% électriques comme la Nouvelle Fiat 500 ou la Peugeot e-208. Ceux-ci ont vu leurs ventes bondir de 50%, avec 136.000 unités écoulés.

Dépassant largement les attentes des analystes financiers, ces performances ont été saluées par les marchés jeudi matin. L'action Stellantis gagnait plus de 3% à la mi-journée à Paris et à Milan.

"C'est grâce au travail et à l'investissement des salariés qui ont su se mobiliser", a commenté le syndicat CFE-CGC en France, demandant une réouverture des négociations sur les hausses de salaires et une prime exceptionnelle pour amortir l'inflation.

Hausses de coûts

L'inflation a déjà coûté 4 milliards d'euros supplémentaires au constructeur au premier semestre, dont 3 milliards d'euros pour les seules matières premières. Jusqu'où pourra-t-il monter ses prix alors que le contexte économique s'assombrit ?

"Nous avons pour l'instant un carnet de commandes extrêmement copieux, trois fois supérieur à un carnet de commandes pré-Covid. L'acceptation des prix est très bonne", a assuré le PDG du groupe Carlos Tavares dans un entretien avec des journalistes.

Alors que l'approvisionnement en puces électroniques devrait se "normaliser au courant de l'année 2023", le groupe a désormais parmi ses priorités de "résorber" les coûts de l'inflation.

"Quelle que soit la nature de la crise qui va se présenter devant nous (...) nous pourrions encaisser une réduction de notre chiffre d'affaires de 60% et on serait encore rentable", a-t-il souligné.

Stellantis avait déjà enregistré en 2021 d'énormes profits pour sa première année d'existence, avec 13,4 milliards d'euros de bénéfice net.

Le groupe entend doubler son chiffre d'affaires (152 milliards d'euros en 2021) d'ici à 2030 en profitant de l'électrification du marché et de gains de productivité. Il promet des marges opérationnelles à deux chiffres "tout au long de la décennie".

Après la forte chute du marché automobile européen au premier semestre, le géant de l'auto a revu fortement à la baisse ses prévisions de ventes pour le secteur sur l'année 2022.

"Certains de nos concurrents se sont montrés plutôt optimistes sur la disponibilité de semi-conducteurs au deuxième semestre, (...) La situation s'améliore de trimestre en trimestre, nos prévisions sont prudentes", a souligné le directeur financier, Richard Palmer.

Il envisage des volumes en baisse de 12% sur l'année en Europe, de 8% en Amérique du Nord, des ventes stables en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique.

Pour autant, le groupe maintient ses prévisions de marge "à deux chiffres" pour 2022, a souligné M. Palmer.

afp/rp