Il suffit de regarder le cours de bourse de Renault ces dernières années pour comprendre le désamour entre le marché et le constructeur automobile. Chez Zonebourse, même Patrick a arrêté d'en parler, c'est un signe qui ne trompe pas. Alors quand le dernier carré de fans du losange voit débarquer UBS avec sa recommandation qui passe de neutre à achat et son objectif de cours relevé de 22 à 54 EUR, il a toutes les raisons de penser que la roue va peut-être enfin tourner. Peut-être pas au point de rallier les multiples de Tesla, mais quand même.

Renault vs Secteur en Europe (la décence impose de ne pas ajouter Tesla sur ce graphique)
Renault vs Secteur en Europe (la décence impose de ne pas ajouter Tesla sur ce graphique)

"Nous pensons que le cours de l'action n'attribue aucune valeur à une stratégie réussie dans le véhicule électrique, même si le segment devrait représenter plus de 20% de l'EBIT du groupe en 2025", argumente l'analyste David Lesne, qui pense qu'une telle prise de conscience pourrait jouer le déclencheur d'une revalorisation marquée. "Renault dispose de tous les outils pour vendre des VE compétitifs de manière rentable", estime le spécialiste.

Cette appréciation positive sur les véhicules électriques de Renault ne sort pas du chapeau. UBS est parti de l'offre d'un concurrent, Volkswagen, dont le bureau d'études a disséqué la plateforme "MEB", celle qui est à la base de la transformation de l'Allemand, et qui a servi pour l'ID.3, le premier véhicule conçu comme totalement électrique par VW. Ce "teardown", un peu à la manière dont les geeks démontent les smartphones dès qu'ils sortent pour en découvrir les rouages, a montré que la plateforme MEB est très efficace, aussi bien au niveau des coûts que des perspectives ou de l'industrialisation. Tout en restant de très bon niveau, elle souffre de la comparaison avec Tesla uniquement sur deux plans, le coût de la batterie (le modèle intégré de Tesla est vraiment dur à égaler) et le logiciel (le Californien a encore beaucoup d'avance). Mais UBS considère que MEB est une bonne base promise à un bel avenir.

Le lien avec Renault ? La banque suisse estime que la plateforme électrique du Français, baptisée "CMF-EV", est "comparable à celle de VW d'un point de vue conception". La seule grosse différence concernera l'échelle puisque VW devrait produire quatre fois plus de modèles que Renault (deux fois en mêlant Renault et Nissan). Mais CMF-EV devrait permettre à Renault d'être immédiatement rentable avec ses nouveaux véhicules électriques, d'autant que le pic de R&D du groupe sur la base EV est passé, là où des concurrents sont encore en plein dedans. Reste à connaître le design des futurs modèles, puisque Renault a promis dix véhicules d'ici 2025 (Simon Jeremi aurait réclamé une Safrane en plus de la future R5). 

Le changement d'avis d'UBS propulse Renault en hausse de 5% à 39,30 EUR en séance à la Bourse de Paris, le 3 mars.