Vienne (awp/afp) - Le parquet de Vienne a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête pour escroquerie avec circonstance aggravante concernant le géant autrichien de l'immobilier Signa, dont la faillite spectaculaire révèle des pratiques potentiellement frauduleuses.

"Des investissements de bailleurs de fonds n'auraient pas été utilisés dans les projets promis", ont détaillé les procureurs dans un communiqué, précisant que le montant du préjudice était à ce stade inconnu.

Deux autres enquêtes sont par ailleurs en cours sur d'éventuelles infractions financières portant sur la TVA et sur un poste au sein de la holding au fonctionnement opaque offert à un fonctionnaire, en échange d'un traitement fiscal privilégié.

Les plaintes commencent à s'accumuler en Autriche, alors que le groupe spécialisé dans l'immobilier de luxe s'est déclaré insolvable et subit actuellement une restructuration en vue de rembourser au moins partiellement ses créanciers.

Ces derniers, originaires d'Europe mais aussi des Emirats arabes unis ou de Thaïlande, réclament quelque 13 milliards d'euros, dont moins de la moitié ont été pour l'heure reconnus par l'administrateur judiciaire. De nombreuses banques créancières devront passer des provisions.

La liste des créanciers comprend quelques noms célèbres, comme celui de l'ex-chancelier autrichien Alfred Gusenbauer ou de l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer.

Co-propriétaire du célèbre Chrysler Building à New York et de chaînes de grands magasins en Europe, l'empire immobilier Signa avait connu une ascension spectaculaire depuis 2000 sous l'égide du milliardaire tyrolien René Benko.

Mais le groupe, devenu l'un des plus prestigieux d'Europe, a été ébranlé par la rapide remontée des taux d'intérêt, qui a mis fin à l'ère des crédits bon marché, révélant des failles et des zones d'ombre.

Croulant sous les dettes, Signa a été placé en redressement judiciaire fin novembre, marquant la plus grande insolvabilité de l'histoire du pays.

afp/rp