Vienne (awp/afp) - Les deux principales filiales de l'empire autrichien de l'immobilier Signa, déjà en redressement judiciaire, ont déposé à leur tour jeudi une demande de restructuration, symbole des difficultés du secteur après des années de crédits bon marché.

"Le conseil d'administration de Signa Prime Selection AG a déposé aujourd'hui auprès du tribunal de commerce de Vienne une demande d'ouverture d'une procédure de restructuration" pour insolvabilité, a indiqué l'entreprise dans un communiqué.

Après une spectaculaire ascension sous l'égide du milliardaire autrichien René Benko, Signa Holding, l'un des plus prestigieux empires immobiliers d'Europe fondé en 2000, également co-propriétaire de Globus en Suisse, avait déjà déposé son bilan fin novembre.

Sa filiale Signa Prime Selection AG, "sa plus grande société dans le secteur immobilier" selon l'entreprise, regroupe des investissements de centre-ville en Autriche, Allemagne, Suisse et Italie.

Elle possède des fleurons allemands, comme le célèbre grand magasin KaDeWe à Berlin, l'Elbtower à Hambourg, encore inachevée, ou encore le palace Park Hyatt de Vienne.

La valeur de ces biens s'élève à plus de 20 milliards d'euros (18,8 milliards de francs suisses).

Une autre filiale, Signa Development Selection AG, se trouve dans la même situation et déposera à son tour une demande de procédure de redressement vendredi.

Vente du jet privé

Elle est spécialisée dans les transactions immobilières de surfaces de bureau, de logement et d'hôtel, principalement autour de la gare centrale de Vienne, et ses actifs s'élèvent à 4,6 milliards d'euros selon son site internet.

L'ancien chancelier autrichien social-démocrate Alfred Gusenbauer et l'ancienne vice-chancelière d'extrême droite Susanne Riess-Hahn, mariée au commissaire européen au budget Johannes Hahn, sont membres des conseils de surveillance de ces deux filiales.

Il y a quelques jours, l'administrateur chargé de redresser le groupe avait annoncé la valorisation prochaine du jet privé de la holding, de ses parts dans des médias et dans l'emblématique tour Chrysler à New-York.

Parmi les hommes les plus riches d'Autriche, René Benko aime les mondanités et sa proximité avec la classe politique lui a valu des ennuis par le passé.

En 2020, il a dû témoigner devant une commission parlementaire enquêtant sur ses liens avec de hauts responsables conservateurs et d'extrême droite, dans le cadre d'un vaste scandale de corruption. Aucune poursuite n'a été engagée pour l'heure à son encontre.

afp/al