Zurich (awp) - Sulzer a payé au prix fort la guerre en Ukraine. Plombé par l'abandon de ses activités en Russie et en Pologne, le groupe industriel a vu son bénéfice se réduire à peau de chagrin l'an dernier, soit à 28 millions de francs suisses, contre 140,7 millions en 2021. Un dividende inchangé est toutefois proposé.

Dans le communiqué diffusé lundi, Sulzer précise que le bénéfice net aurait crû de 15% par rapport à 2021 en excluant l'impact du désengagement en Russie. Le résultat opérationnel avant intérêt et impôts (Ebit), également plombé par les amortissements des affaires russes ainsi que polonaises, a lui aussi fortement reculé, de près de moitié, passant en l'espace d'un an de 221,8 à 111,4 millions de francs suisses.

Les effets uniques liés aux retraits consécutifs à l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont ainsi pesé à hauteur de 147 millions de francs suisses sur l'Ebit et de 134 millions sur le bénéfice net, a relevé devant la presse à Zurich Thomas Zickler le directeur financier de Sulzer.

En revanche, le résultat opérationnel avant intérêts, impôts et amortissement (Ebita) a crû de 8,6% à 317,6 millions de francs suisses, la marge correspondante ressortant elle à 10%, contre 9,3% douze mois auparavant. L'entreprise de Winterthour, dont les chiffres reflètent la performance des activités poursuivies après l'externalisation en automne 2021 de Medmix, attribue notamment l'embellie à une discipline constante en matière de coûts.

Les entrées de commandes ont progressé de 9,1% hors effets de change et changement intervenus dans le périmètre de consolidation à 3,42 milliards de francs suisses, le carnet d'ordres s'établissant à fin décembre 2022 à 1,84 milliard, contre 1,72 milliard un an auparavant. Quant aux revenus, ils ont progressé de 1,8% à 3,18 milliards.

Bénéfice net bien moindre qu'attendu

La performance s'est révélée légèrement supérieure aux anticipations des analystes au niveau des commandes et de l'Ebita, les autres valeurs s'affichant en deçà des attentes, en particulier pour le bénéfice net.

Malgré la chute du bénéfice net, le conseil d'administration, désireux de marquer sa confiance dans les performances futures du groupe, proposera aux actionnaires lors de l'assemblée générale du 19 avril prochain le versement d'un dividende de 3,19 francs suisses par action, un montant identique à celui versé au titre de l'exercice précédent.

Evoquant l'exercice en cours, Sulzer se veut optimiste, à la faveur d'un carnet de commandes solide. Le groupe anticipe une poursuite de la croissance sur ses marchés malgré les incertitudes persistantes. Une croissance des ordres de 3 à 6% est prévue, alors que les revenus devraient croître de 7 à 9% et la marge opérationnelle Ebita se fixer plus de 10%. Le bénéfice net devrait aussi augmenter.

Flou toujours de mise concernant Victor Vekselberg

Alors que le titre et la performance de Sulzer ont pâti du flou régnant quant à la participation de son actionnaire de référence, le milliardaire russe Viktor Vekselberg, lequel détient 49% des actions du groupe de Winterhtour, la présidente du conseil d'administration et de la direction générale, Suzanne Thoma, n'est toujours pas en mesure d'apporter un quelconque éclaircissement. "Il n'y a actuellement aucune nouvelle concernant la part de M. Vekselberg", ce dernier étant le seul pouvoir apporter une solution, laquelle doit non seulement recevoir le feu vert de Washington, mais aussi être dans l'intérêt de Sulzer, a ajouté la femme forte de l'entreprise.

Pour mémoire, considéré comme un proche du président russe Vladimir Poutine, Viktor Vekselberg fait l'objet de sanctions des Etats-Unis. Il ne peut disposer de sa participation dans Sulzer. Les dividendes perçus à ce titre sont versés sur un compte bloqué.

A la Bourse, l'action Sulzer a terminé en baisse de 0,93% à 79,55 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,06%.

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