Le conglomérat français, qui cherche à réduire sa dette et se recentrer sur les médias, a dans le même temps indiqué qu'il étudiait la faisabilité d'une séparation de ses activités médias et télécoms, avec la possibilité d'une scission de sa filiale mobile SFR.

"La scission de SFR est une possibilité que le conseil d'administration pourra étudier en temps voulu", a déclaré Philippe Capron, le directeur financier de Vivendi, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.

"Nous regardons pour le moment cette option et nous menons une étude de faisabilité dessus", a-t-il ajouté.

Après plusieurs mois de spéculation sur la stratégie de Vivendi, le groupe a ainsi annoncé coup sur coup cette semaine deux cessions majeures pour un total de plus de 10 milliards d'euros.

Outre la vente de ses 53% dans Maroc Telecom à Etisalat pour 4,2 milliards d'euros, Vivendi a décidé de céder plus de 85% de sa participation dans Activision Blizzard.

Cette cession, réalisée auprès du groupe américain et de son management, devrait être finalisée d'ici à fin septembre, au prix de 13,60 dollars par action, soit une décote d'environ 10% par rapport au prix de clôture d'Activision jeudi soir.

À l'issue de l'opération, le groupe français de télécoms et de divertissement, qui détient actuellement 61,1% du capital d'Activision Blizzard connu notamment pour ses jeux "Call of Duty" et "World of Warcraft", en conservera une participation de 12%.

PAS D'ACQUISITIONS SIGNIFICATIVES PRÉVUES

Cette opération met ainsi fin à des mois de spéculations et de discussions sur l'avenir de cette entreprise au sein de Vivendi.

Différentes pistes ont été explorées pour en retirer du cash, comme la vente de la part de Vivendi, le versement d'un dividende spécial ou le rachat d'Activision par ses dirigeants, avaient récemment dit à Reuters des sources proches du dossier.

À la Bourse de Paris, l'action Vivendi gagne 2,60% à 16,395 euros à 15h30, donnant au groupe une capitalisation boursière de 21,75 milliards d'euros. Elle s'inscrit parmi les plus fortes hausses de l'indice CAC 40, qui avance de 0,34%.

"Cela va leur donner une bonne flexibilité financière", souligne Bruno Hareng, analyste chez Oddo Securities. "Vivendi va pouvoir baisser sa dette de manière significative, probablement utiliser une partie de cet argent pour faire du rachat d'actions et pourquoi pas racheter des actifs médias comme les 20% qu'ils n'ont pas dans Canal Plus."

Interrogé sur Canal Plus, Philippe Capron a déclaré qu'un rachat des 20% de Lagardère était "marginalement souhaitable" et qu'en tout état de cause, le groupe pourrait "vivre sans".

Plus globalement, Vivendi a écarté toute acquisition d'envergure pour se renforcer dans le secteur des médias.

Selon les analystes d'UBS, le conglomérat français aura besoin d'utiliser un tiers du produit de la cession de parts dans Activision pour maintenir ses ratios d'endettement.

"Nous nous attendons à ce que le reste soit utilisé pour des rachats d'actions ou des opérations de M&A (fusions et acquisitions, NDLR) pour renforcer la partie médias de ses activités", écrit Polo Tang, chez UBS, dans une note de recherche.

Vivendi doit publier ses résultats du premier semestre le 29 août.

Avec Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot

par Matthieu Protard et Cyril Altmeyer