L’assemblée générale de Telecom Italia a tenu toutes ses promesses. Les opposants à l’emprise de Vivendi sur l’opérateur transalpin, menés par le fonds Elliott, ont obtenu les deux-tiers des sièges au conseil d’administration. Vivendi en conserve 5, dont celui de l’administrateur délégué de TI Amos Genish et celui du président du Français, Arnaud de Puyfontaine. Environ 49,8% des actionnaires présents ont soutenu Elliott et 47,2% Vivendi. Ce dernier a publié un communiqué de presse dans lequel il se dit engagé à long terme sur le dossier dont il détient 23,9% des droits de vote (17,2% du capital). Vivendi « veillera attentivement à ce qu'Amos Genish reçoive des administrateurs proposés par Elliott toutes les assurances et garanties que le plan industriel 2018-2020 puisse être mené à bien dans son intégralité et dans toute sa cohérence » et réaffirme son souhait d’empêcher un démantèlement. Elliott a confirmé peu après qu’il apportera son soutien à Amos Genish mais a aussi réitéré son souhait de voir le conseil examiner la scission du réseau télécom ainsi qu’un retour du dividende.

Le 22 mars, le groupe français avait annoncé la démission des 8 administrateurs le soutenant au conseil, un mouvement tactique pour les analystes, afin d’éviter de perdre trop d’influence lors de l’assemblée précédente, le 24 avril. Pour la réunion du 4 mai, chaque partie avait proposé 10 de ses administrateurs pour les 15 sièges. Au final, Elliott et ses alliés "domineront" (il y aura dans les faits une majorité d'indépendants) le nouveau conseil avec 10 administrateurs contre 5, mais la candidature d’Amos Genish, présenté comme un dirigeant compétent par les deux camps, a été plébiscitée. Malgré cette perte d’influence, anticipée puisque le fonds activiste avait reçu l’appui de plusieurs cabinets de conseil aux actionnaires et de la Caisse des dépôts italienne, le titre Vivendi garde une confortable avance à la Bourse de Paris lors de la dernière séance de la semaine. Il a même accru ses gains depuis l’annonce, en hausse de 1,7% à 23,27 euros.

Une moins-value latente toujours élevée

A court terme, Vivendi reste soutenu par la perspective d’une annonce concernant la filiale musicale UMG le 17 mai prochain. Une ouverture du capital sous forme d’entrée en bourse aux Etats-Unis est espérée par les financiers, qui y voient le moyen de matérialiser la valeur de cet actif, étoile montante du portefeuille. 60% des analystes qui suivent le dossier sont positifs actuellement. L’objectif moyen flirte avec les 25 euros. A Milan, l’action Telecom Italia est en hausse de 1,6% à 0,851 euro aujourd’hui. Vivendi a un prix de revient de 1,0709 euro par action TI, soit une moins-value sur la base des cours du jour de 800,5 millions d’euros. La valeur comptable inscrite au bilan est toutefois de 4,25 milliards d’euros, pour une valeur de marché actuelle de 3,1 milliard d’euros. Vivendi considère en effet que la baisse de l’action n’est pas durable compte tenu de l’évolution de la direction générale, de la volatilité du cours de l’action et d’un contexte boursier défavorable pour le secteur.