LE CAIRE/DOHA, 14 mai (Reuters) - L'armée israélienne a lancé mardi de nouvelles opérations dans l'est de Rafah, des chars pénétrant dans plusieurs quartiers de la ville du sud de la bande de Gaza jusqu'ici épargnés par les combats de rue, ont rapporté des habitants.

Israël entend poursuivre son offensive terrestre à Rafah malgré les mises en garde de son allié américain et des Nations unies qui alertent sur le risque de catastrophe humanitaire, plus d'un million d'habitants de l'enclave palestinienne chassés par les affrontements au nord ayant trouvé refuge sur place.

"Les chars ont avancé ce matin à l'ouest de la route Salah ad-Din [qui coupe Rafah en deux] dans les quartiers de Brazil et Jneina. Ils sont dans les rues, dans des zones d'habitation, et il y a des affrontements", a témoigné un habitant joint par Reuters via une application de messagerie.

La branche armée du Hamas a dit mardi avoir détruit un véhicule de transport de troupes israélien à l'aide d'un missile dans le quartier d'Al Salam, tuant plusieurs soldats.

L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire.

Israël a ordonné l'évacuation de plusieurs quartiers de l'est de Rafah il y a une semaine, puis à nouveau samedi. Des milliers de personnes se sont déplacées vers des zones non habitées, dont la bande côtière d'Al Mawassi.

Les organisations humanitaires soulignent le manque d'installations, sanitaires notamment, pour accueillir un tel flux de population.

L'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, estime qu'environ 450.000 personnes ont fui Rafah depuis le 6 mai. "La population fait face à l'épuisement, la faim et la peur. Personne n'est à l'abri", a-t-elle dit sur le réseau social X.

Le Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a annoncé mardi l'ouverture d'un hôpital de campagne dans le sud de la bande de Gaza capable de traiter environ 200 personnes par jour et de fournir des soins chirurgicaux d'urgence.

L'intensification des affrontements à Rafah, mais aussi dans le nord de la bande de Gaza depuis plusieurs jours, a conduit le Qatar, pays médiateur dans le conflit, à prendre acte du blocage des pourparlers sur un cessez-le-feu.

"Ces dernières semaines, nous avions perçu une dynamique mais malheureusement, les choses n'ont pas évolué dans la bonne direction et aujourd'hui, nous sommes quasiment dans l'impasse", a déclaré le Premier ministre qatari, cheikh Mohamed ben Abdoulrahman al Thani lors d'un forum économique à Doha.

"Il y a une partie [le Hamas] qui veut arrêter la guerre puis parler des otages et une autre qui veut les otages et veut continuer la guerre. Tant qu'il n'y aura pas de possibilité de rapprochement entre ces points de vue, nous n'obtiendrons aucun résultat", a-t-il ajouté, tout en promettant de poursuivre sa médiation.

Selon les services sanitaires de l'enclave, plus de 35.000 Palestiniens ont été tués dans l'offensive déclenchée il y a plus de sept mois par Tsahal dans la bande de Gaza après les attaques menées par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre dernier, qui ont fait 1.200 morts. (Nidal al Mughrabi au Caire, Andrew Mills et Hadeel Al Sayegh à Doha, avec Emma Farge à Genève, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)