Les places financières ont nettement rebondi durant la période estivale, profitant d’une saison de résultats globalement qualitative et des espoirs d’une réduction de l’ampleur des prochains resserrements monétaires, avec l’annonce d’un léger tassement de l’inflation en août aux Etats-Unis.

De lourds dégagements interviennent néanmoins à l’approche de la rentrée, les récentes statistiques confortant le sentiment d’un ralentissement économique à l’échelle mondiale et les banquiers centraux semblant décidés à poursuivre la normalisation de leur politique monétaire pour juguler les pressions inflationnistes. 

Tandis que la saison des résultats touche à sa fin, le bilan est quelque peu mitigé. Pour les sociétés du S&P500, près de 75% ont dépassé les attentes au niveau des bénéfices, ces derniers étant supérieurs de 3.4% aux estimations (données Factset). Les bénéfices devraient en moyenne avoir progressé de plus de 6% par rapport à l’année précédente, une donnée supérieure aux estimés de début juillet. Toutefois, c’est le secteur de l’énergie qui s’en sort le mieux et en excluant ces valeurs, les bénéfices reculent finalement de plus de 3.7% au second trimestre.
Compte tenu du recul du PIB américain pour le deuxième trimestre d’affilée (-0.9% en juillet en première estimation et -1.6% au T1), les analystes ont revu à la baisse leurs estimations d’ici la fin de l’année, en raison également des pressions inflationnistes, des habitudes de consommation changeantes et avec la perspective d’une hausse du loyer de l’argent. Les bénéfices devraient finalement progresser de 8% sur l’ensemble de l’année 2022.

Les dernières statistiques confortent d’ailleurs ces anticipations économiques baissières dans les différentes zones géographiques. En chine, la production industrielle s’essouffle (hausse de seulement 3.8%), les ventes au détail progressent de 2.7% (3.1% précédemment) et l’inflation se maintient au plus haut (CPI et PPI à respectivement 2.7% et 4.2%). En zone euro, l’activité manufacturière se contracte pour le second mois consécutif (49.7 en août) et celle des services retombe tout juste au seuil de neutralité (50.2 dernièrement). Quant à l’inflation, elle reste à son plus haut (8.9%). Enfin, pour les Etats-Unis, la légère inflexion de l’inflation en août (PPI à -0.5% et CPI à 0%) ne devrait pas remettre en cause la politique monétaire de la Réserve Fédérale à la rentrée, le consensus tablant majoritairement sur un nouveau tour de vis de 75 points de base en septembre.

L’heure reste donc à la prudence sur les niveaux actuels, en attendant les prochaines données sur l’inflation, les interventions des banquiers centraux et les statistiques qui confirmeront ou non le scénario d’un récession, que ce soit sur le Vieux-Continent ou aux Etats-Unis, d’autant que l’envolée des prix de l'électricité et du gaz naturel en Europe devrait continuer de peser sur la croissance et le budget des ménages.

D'un point de vue graphique, après une brève incursion sous les 5800 points début juillet, le CAC40 a violemment rebondi pour revenir rapidement dans la zone des 6600 points mi-août, avec le rebond des technologiques, du luxe, de l'automobile et des banques. Cette zone de cours a suscité de vives prises de bénéfices dans un contexte de retour de l'aversion au risque.

En données hebdomadaires, la dynamique reste neutre au sein du range 5880/6680 points. Sur un horizon de temps plus court, la configuration graphique se dégrade. La zone des 6340 points, correspondant à la borne basse d'un gap ouvert fin juillet, devra impérativement engendrer une réaction positive sous peine d'une poursuite des dégagements en direction des 6250 points, voire 6100 points par extension. Un retour sur ce niveau serait l'occasion de revenir progressivement à l'achat avec un meilleur timing.