(Répétition de l'analyse transmise vendredi)

* Les niveaux de souscription témoignent de l'appétit des investisseurs

* Des banquiers soulignent le décalage avec l'environnement économique

* Les fonds levés en France atteignent E980 mlns, plus de 4 fois plus qu'en 2012

* Des projets d'IPO pour 2014

par Matthieu Protard

PARIS, 8 novembre (Reuters) - Les débuts de cotation réussis de Numericable et Blue Solutions ont ranimé un marché français des introductions en Bourse qui était en berne depuis 2010 du fait de la crise financière, mais les prochaines opérations devront transformer l'essai pour confirmer une reprise durable des IPO.

Les taux de sursouscription atteints par le câblo-opérateur et la filiale de batteries électriques du groupe Bolloré - respectivement supérieurs à 10 et 15 fois - illustrent le retour de la confiance des investisseurs, échaudés ces dernières années par la crise de la dette souveraine dans la zone euro.

D'après les données de Thomson Reuters, actualisées avec Numericable, les fonds levés lors des IPO en France atteignent 1,31 milliard de dollars (980 millions d'euros) depuis le début de l'année et renouent ainsi avec les montants levés en 2009 (1,4 millard de dollars). Pour 2013, cela représente déjà plus de quatre fois les capitaux levés en 2012 (329 millions de dollars).

La reprise économique tarde pourtant toujours en France et la nouvelle dégradation, vendredi, de la note de la France par l'agence Standard & Poor's sonne comme un énième avertissement. et

"Des niveaux de sursouscription à plus de 10 fois et des 'pricing' dans le haut des fourchettes montrent bien que l'esprit des investisseurs a changé", remarque Virginie Lazès, directrice associée de la banque d'affaires Bryan, Garnier & Co.

"Attention toutefois au retour de bâton au second semestre 2014", prend-elle soin d'ajouter. "Il y a une fenêtre de tir qui n'est pas en phase avec la réalité économique même si la situation tend à se stabiliser et que la situation économique a cessé de se détériorer."

TOURNÉES VERS LA CROISSANCE

Pour l'heure, les spécialistes de la finance ne boudent pas leur plaisir et espèrent que les investisseurs réserveront un aussi bon accueil aux prochaines introductions en Bourse comme celle de la société Tarkett, leader mondial du sol en vinyle qui prévoit de faire ses premiers pas en Bourse à Paris d'ici à la fin de l'année.

"Pour les IPO, la fenêtre est ouverte durablement. Il y a de nombreux projets pour 2014", souligne Marc Lefèvre, directeur du développement commercial et des relations émetteurs chez NYSE Euronext. "Les dernières opérations marquent une vraie accélération avec une véritable reprise des introductions en Bourse."

D'autres groupes, comme l'entreprise de restauration collective Elior, pourraient lui emboîter le pas. Tout comme l'opérateur télécoms SFR, dans le cadre de sa scission de sa maison mère Vivendi.

"On aura en 2014 des dossiers d'introductions en Bourse véritablement tournés vers la croissance et qui ne seront pas des mises sur le marché destinées à apporter de la liquidité aux actionnaires", estime Thibaut de Smedt, directeur associé chez Bryan, Garnier & Co.

Si la stabilisation des marchés en Europe depuis la mi-2012, à l'image de l'indice CAC 40 en hausse de 25% sur douze mois, favorise le retour des investisseurs en Europe, leur enthousiasme n'atteint pas l'euphorie réservée à Twitter dont l'action s'est envolée jeudi de plus de 70% pour son premier jour à Wall Street.

"La peur des investisseurs sur l'Europe est nettement moindre qu'il y a deux ans", remarque Thibaut de Smedt. "Les investisseurs veulent maintenant parier sur un rebond de l'Europe même s'il sera plus lent et moins fort qu'aux Etats-Unis."

Pour Marc Lefèvre, le contexte d'une volatilité maîtrisée sur les marchés et la bonne tenue des indices ont favorisé le retour de l'appétit des investisseurs pour le risque, "ce qui encourage les chefs d'entreprise à envisager réellement une mise en Bourse".

Ces trois dernières années, la crise financière, la forte volatilité des marchés d'actions et le manque d'intérêt des investisseurs pour les actifs européens avaient contraint plusieurs entreprises à abandonner leurs projets de cotation.

En 2012, en pleine crise de la dette et alors que les investisseurs étrangers redoutaient un éclatement de la zone euro, le lunetier Alain Afflelou avait ainsi renoncé à revenir en Bourse. En 2010, Accor avait aussi mis de côté son projet d'introduire en Bourse le groupe d'hôtels et de casinos Lucien Barrière.

* Numericable prend un bon départ en Bourse (Edité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : NUMERICABLE PROM, BLUE, Twitter Inc, ACCOR, BOLLORE, VIVENDI, KKR & Co. L.P.