L’ambiance sur les marchés n’a pas beaucoup évolué ces dernières semaines, les opérateurs restant focalisés sur les perspectives enthousiasmantes de l’intelligence artificielle, sur les résultats de sociétés globalement de bonne facture et sur les espoirs persistants de prochaines baisses de taux des deux côtés de l’Atlantique.
Les grands indices poursuivent ainsi leur course effrénée aux records, éludant les tensions géopolitiques, la forte remontée des cours pétroliers ou encore la légère remontée de l’inflation américaine.

L’indice des prix à la consommation était ressorti à 3.2% (contre 3.1% précédemment) tandis que l’indice des prix à la production progresse deux fois plus que prévu en février (+0.6%), soit une hausse de 1.6% en rythme annualisé (2.8% hors alimentation et énergie). Ces données laissaient craindre le report de la première baisse de taux aux Etats-Unis mais la Fed a nettement rassuré, après son statu quo.
L’inflation baisse « progressivement » et les derniers chiffres ne remettent pas en cause la trajectoire centrale. Trois baisses devraient intervenir cette année, la première en juin. L’institution semble donc en mesure de baisser ses taux même si les conditions économiques sont solides.
La BCE devrait également emboiter le pas, avec une première baisse de taux en juin, au vu du reflux de l’inflation, tombée à 2.6% sur un an en février dans la zone euro.
La Banque du Japon avait, quant à elle relevé ses taux pour la première fois depuis 2007, avec des taux qui passent de -0.1% à la fourchette 0 à 0.1%. Il s’agit donc d’un acte symbolique, rendu possible par la remontée de l'inflation après une longue période déflationniste.

Parallèlement, les résultats de sociétés continuent de soutenir le courant acheteur. Les sociétés du S&P500 ont dévoilé des bénéfices en hausse de 4.1% pour le quatrième trimestre 2023 et les perspectives demeurent encourageantes, avec des bénéfices attendus en hausse de 11% sur l’ensemble de l’année 2024.
Bien qu’ils aient été révisés à la baisse, les bénéfices pour le premier trimestre devraient quant à eux progresser de 3.3% selon le consensus Factset (contre 5.7% fin décembre) mais de 9.1% pour le T2. La saison des résultats qui commence mi-avril sera donc instructive et pourrait être source de volatilité, tandis que le P/E ratio du S&P500 se situe vers 20.6, bien au-dessus de la moyenne sur 10 ans (17.7).

La forte poussée des indices ces derniers mois incitent donc à la prudence, même si les perspectives économiques des sociétés et le changement de trajectoire des banques centrales constituent un catalyseur à ce mouvement. Les opérateurs pourraient rapidement être tentés de prendre quelques bénéfices.

Graphiquement, le CAC 40 suit une orientation positive sur toutes les échelles de temps, évoluant à son zénith, autour des 8200 points.
Sur un mois, certaines de ses composantes ont encore réalisé une performance à deux chiffres. Renault engrange 21.9%, Airbus 16.1%, Stellantis 15.3%, Thalès 14%, BNP Paribas 12.3% et Axa 11.9%. On notera néanmoins quelques mauvais élèves. Téléperformance décroche de 34%, Kering perd 13.8%, Pernod Ricard 6%.

En données journalières, le CAC40 suit une tendance clairement positive au-dessus du seuil symbolique des 8000 points. La réaction de l’indice dans la zone des 8250 points pourrait être déterminante. Le franchissement de ce niveau libèrerait un nouveau potentiel d’appréciation en direction des 8400 points. En cas d’échec, on pourra au contraire s’attendre à quelques prises de bénéfices qui pourraient ramener l’indice vers les 8000 points.
La dynamique de fond ne sera pour autant pas dégradée et seul l’enfoncement des 8000 points constituerait un premier signal baissier, militant pour l’amorce d’une consolidation plus marquée en direction des 7930 points puis 7800 points.
Cette consolidation salutaire serait par ailleurs l’occasion de revenir à l’achat à moindre risque.