Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes ont subi lundi les coups de boutoir de la fermeture du gazoduc Nord Stream 1 annoncée par Gazprom vendredi et qui a été suivi de la chute de l'euro et de la flambée des prix du gaz.

L'indice de la Bourse de Francfort, le Dax, dont les valeurs industrielles sont particulièrement vulnérables aux problèmes d'approvisionnement en gaz russe, a reculé de 2,22%. Milan a perdu 2,01% et Paris 1,20%.

Londres, moins exposée et soutenue par la victoire de la très libérale Liz Truss dans la course pour devenir la Première ministre britannique a terminé proche de l'équilibre (+0,09%).

Les marchés américains étaient absents lundi, jour férié aux Etats-Unis.

L'annonce de Gazprom a précipité la chute des places européennes qui avaient rebondi en fin de semaine dernière. Lundi, l'euro s'est enfoncé un temps sous le seuil de 0,99 dollar pour la première fois depuis 20 ans, touchant un plus bas à 0,9878 dollar vers 06H00 GMT. Vers 16H15 GMT, il remontait à 0,9930 dollar, en retrait de 0,24% sur la séance.

Cette nouvelle baisse met un peu plus sous pression la Banque centrale européenne (BCE) avant sa réunion jeudi. L'institution doit déjà affronter une accélération de l'inflation qui a atteint en août 9,1% sur un an dans la zone euro, du jamais vu depuis la création de cette dernière.

Après avoir fondu d'un tiers la semaine passée, les prix du gaz naturel sur le marché européen de référence, le TTF néerlandais grimpait de 11,80% à 245,926 euros le mégawattheure dans les derniers échanges.

Aux yeux des analystes de Ebury, l'annonce de Gazprom "rapproche la perspective de pénuries généralisées d'énergie en Europe de la réalité et a accru la nervosité du marché concernant la possibilité d'une récession mondiale".

Cette situation dans son ensemble ainsi que le chômage qui reste bas et les pressions inflationnistes qui atteignent des niveaux record, "posent un défi inhabituellement difficile à la BCE", selon Ebury.

L'institution doit poursuivre la hausse de ses taux directeurs pour lutter contre l'inflation au risque de précipiter l'économie européenne déjà grandement fragilisée par la crise énergétique dans la récession.

"L'élément clé reste pour les marchés l'atterrissage de l'économie américaine", nuance pour sa part Chaguir Mandjee, gérant de portefeuille chez Tailor AM à la veille des chiffres de l'activité des services aux Etats-Unis, cruciaux aux yeux des marchés pour scruter le ralentissement de l'économie américaine.

"Seul le ralentissement de l'économie américaine permettra aux marchés d'anticiper la fin du resserrement monétaire", menée par la Fed depuis mars, ajoute M. Mandjee, un horizon très attendu des investisseurs.

La crise énergétique pèse

Plusieurs valeurs liées à la production d'énergie chutaient lundi: l'allemand Uniper a dévissé de 10,99% et sa maison-mère finlandaise Fortum de 8,91% et à Paris, Veolia a perdu 1,22%. D'autres valeurs très dépendantes du gaz russe comme le conglomérat industriel Thyssenkrupp (-3,21%) ou le chimiste BASF (-4,01%) ont également chuté.

Déceptions à Londres

Le laboratoire vétérinaire Dechra Pharmaceuticals a perdu plus de 10% à la Bourse de Londres après ses résultats annuels décalés. Si la valorisation de l'entreprise a résisté au début de la pandémie, "les défis macroéconomiques que sont l'inflation et le risque de récession laissent penser que la voie à suivre reste semée d'embûches", écrit Victoria Scholar, d'Interactive Investor.

Le constructeur de voitures de luxe Aston Martin a dégringolé de plus de 15% après avoir annoncé une émission de titres pour 575 millions de livres qui a dilué la valeur et les droits de vote des actionnaires.

Réunion de l'OPEP +

Les pays de l'Opep+ ont décidé de réduire leur production pour soutenir les prix face aux craintes de récession, une première depuis plus d'un an et les coupes drastiques opérées en raison de la pandémie de Covid-19.

Après la réunion, les prix montaient: le baril de Brent de mer du Nord pour livraison novembre gagnait 2,43% à 95,29 dollars et celui de WTI américain pour livraison octobre 2,38% à 88,94 dollars vers 16H10 GMT.

Par ailleurs, le bitcoin était à l'équilibre (-0,01%) à 19.897 dollars vers 16H10 GMT.

afp/ck