Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris repartait en territoire négatif (-0,37%) jeudi matin, de nouveau inquiète de l'épidémie de coronavirus après un bond dans le nombre de contaminations rapportées par la Chine, à la faveur d'un changement de méthodologie.

A 09H54 (08H54 GMT), l'indice CAC 40 se repliait de 22,80 points à 6.081,93 points. La veille, il avait fini en hausse de 0,83%, s'offrant un nouveau record annuel.

La prudence des marchés "s'explique par la révision méthodologique adoptée par les autorités sanitaires chinoises", a souligné dans une note Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

La Chine a annoncé jeudi quelque 15.000 contaminations supplémentaires par le coronavirus, un bond record qu'elle justifie par une nouvelle définition des cas d'infection.

Ce chiffre inquiétant alimente les spéculations selon lesquelles la gravité de l'épidémie de pneumonie virale, désormais appelée Covid-19, pourrait avoir été sous-estimée.

La Commission de la santé du Hubei (centre de la Chine) a de son côté fait part de 242 nouveaux décès dans la province. C'est de loin l'augmentation la plus forte enregistrée en 24 heures depuis que la crise a débuté en décembre dans le chef-lieu provincial, Wuhan.

C'est "une piqûre de rappel pour les investisseurs, qui ont ignoré le changement de ton de l'OMS ces derniers jours", juge M. Le Liboux. Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé a préconisé une "extrême prudence", estimant qu'il était "beaucoup trop tôt" pour prédire la fin de l'épidémie.

Pour M. Le Liboux, la baisse des indices pourrait cependant ne pas durer. "La révison de la méthodologie chinoise ne devrait pas affecter durablement l'optimisme des investisseurs, en tout cas pas tant que l'épidémie paraît sous contrôle", a-t-il relevé.

En France, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a estimé que l'épidémie de coronavirus pourrait amputer la croissance française de 0,1 point de pourcentage en 2020.

Du côté des indicateurs, l'inflation en Allemagne a bien accéléré sa remontée en janvier, atteignant 1,7% sur un an.

Renault pénalisé par Nissan

Sur le front des valeurs, les nombreux résultats d'entreprises publiés depuis mercredi soir donnaient du grain à moudre aux investisseurs.

Rexel bondissait de 8,55% à 12,57 euros, profitant de ventes et d'un bénéfice en hausse en 2019.

Pernod Ricard montait pour sa part de 2,89% à 165,30 euros, fort d'un bénéfice net en hausse de 1% à 1 milliard d'euros au premier semestre de son exercice décalé, même s'il a revu à la baisse son objectif annuel de résultat opérationnel courant en raison de l'épidémie de coronavirus.

Orange progressait quant à lui de 1,44% à 13,03 euros après avoir publié un bénéfice net en forte progression de 53,8% sur l'ensemble de l'exercice 2019.

Ipsen, de son côté, reculait de 5,65% à 66,00 euros après être tombé dans le rouge en 2019, et avoir revu à la baisse ses perspectives à horizon 2022.

Renault souffrait également (-2,77%) dans le sillage du japonais Nissan, qui a annoncé jeudi une perte nette au troisième trimestre de son exercice 2019/20.

Capgemini se repliait de 2,68% à 114,20 euros. Le groupe, qui veut constituer un géant mondial du numérique et de la technologie en rachetant Altran, a pourtant vu augmenter son bénéfice net de 17% en 2019.

Alstom s'adjugeait 1,17% à 48,56 euros. Le constructeur ferroviaire français va racheter l'activité ferroviaire de Bombardier pour sept milliards d'euros, a annoncé mercredi le quotidien économique allemand Handelsblatt, se basant sur des sources industrielles.

Française des Jeux, privatisé en novembre, gagnait 5,99% à 25,31 euros, porté par un chiffre d'affaires 2019 en progression de 8,5%, qui frôle les deux milliards d'euros, tandis que les mises des joueurs ont bondi de 9%.

Euronext cédait 0,55% à 80,75 euros en dépit d'un bénéfice net en progression de 2,8% en 2019 et un chiffre d'affaires en hausse de 10,4%, grâce notamment à l'intégration de la Bourse d'Oslo.

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