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PARIS (awp/afp) - Après une année 2018 décevante, les marchés européens entament 2019 sur un petit sursaut, mais de lourds dossiers restent sur la table et la volatilité semble bien installée.

"Cela a été une semaine en dents de scie", commente auprès de l'AFP Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

Entre les craintes renouvelées d'un ralentissement économique mondial, après notamment des indices d'activités PMI en Chine médiocres et des perspectives de résultats dégradés pour Apple, les Bourses de Francfort, Londres ou Paris ont été marquées par les incertitudes et la volatilité dès les premiers jours de 2019.

Les places boursières ont bouclé leurs deux premières séances de l'année avec des jambes de plomb jusqu'au sursaut de vendredi, attribué à plusieurs nouvelles rassurantes, notamment en provenance de Chine, ainsi qu'à un rapport américain robuste sur l'emploi et des propos conciliants du patron de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell.

"Une volatilité importante a fait son retour (...) Il y a beaucoup d'inquiétudes, les marchés attendent donc un signal de la part des décideurs politiques et économiques ou dans les indicateurs macroéconomiques", estime Isabelle Mateos y Lago.

"Les minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine, mercredi, seront ainsi regardées de près", poursuit-elle.

Vendredi, le patron de la Fed a assuré que la Banque centrale resterait "patiente" concernant ces taux d'intérêt, "en évaluant comment l'économie évolue", et affirmé que les données économiques restaient "sur une bonne dynamique". De quoi redonner de l'élan aux investisseurs.

Mi-décembre, résistant à la pression du président américain, la Fed avait décidé de relever une nouvelle fois ses taux directeurs, une décision mal accueillie par des marchés mondiaux redoutant qu'elle ne reste sourde à leurs inquiétudes au sujet d'un ralentissement économique.

"De nombreux gros dossiers restent sur la table", ajoute Mme Mateos y Lago, en évoquant, outre la normalisation monétaire de la Fed, les négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis et le Brexit.

"Tous ces sujets entretiennent une forme de psychose et vont continuer à perturber les marchés au minimum pour la première partie de l'année", juge également auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Sur le plan commercial, les investisseurs vont guetter les signes venus de Chine après la confirmation par le ministère chinois du Commerce vendredi que des négociateurs des Etats-Unis viendraient lundi et mardi.

Emploi américain au beau fixe

La sortie du Royaume-Uni de l'UE sera aussi rapidement en tête des préoccupations avec, la semaine prochaine, la première réunion de l'année du gouvernement britannique et le retour au travail des parlementaires britanniques.

La Première ministre, Theresa May, va tenter l'impossible pour convaincre une majorité de députés de valider l'accord négocié avec Bruxelles. Un vote est prévu la troisième semaine de janvier mais le risque est grand que l'accord ne soit rejeté.

Outre la livre sterling, les informations à ce sujet devraient avoir un impact sur les nombreuses valeurs exposées à l'économie britannique à la Bourse de Londres, comme les banques ou la construction.

Dans ce contexte, les publications par les distributeurs de leurs chiffres de ventes pour la période clé de Noël, avec notamment Tesco, Marks and Spencer, ou encore Sainsbury's, seront très attendues.

Le compte-rendu de la dernière réunion de la Banque centrale européenne, la production industrielle allemande en novembre et l'inflation aux Etats-Unis seront aussi surveillés.

En ce qui concerne l'économie américaine, le rapport mensuel sur l'emploi pour décembre publié vendredi a une nouvelle fois confirmé la vigueur du marché du travail.

"Les investisseurs craignent une récession aux Etats-Unis mais c'est prématuré et, du coup, un peu excessif car, pour le moment, nous n'en voyons pas de signaux ni à court ni à moyen terme", souligne M. Dembik.

Ces chiffres d'emploi et la confirmation d'une nouvelle session de négociation sino-américaine sur le commerce ont en tout cas permis aux places boursières européennes de finir cette première semaine écourtée sur une note bien plus positive qu'elles ne l'avaient commencée.

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