Zurich (awp) - La Bourse suisse restait abonnée au rouge lundi à l'approche de la mi-journée, dans le sillage de la publication la veille du week-end de données conjoncturelles américaines montrant des signes de surchauffe de la première économie mondiale. Une heure après l'ouverture, on a assisté à un mini-krach, qui a vu le SMI des valeurs vedettes plonger sous la barre des 11'900 points avant de revenir à celle des 12'000.

"Les investisseurs tablent maintenant sur une hausse de taux de 50 points de base (pb) lors de la réunion (de la Fed, ndlr) de mercredi et de... 75 pb en juin, ce qui serait une première depuis 1994", écrit John Plassard de Mirabaud Banque.

Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont poursuivi leur ascension en mars, progressant de 6,6% sur un an et de 0,9% sur un mois. L'indice d'inflation PCE, le plus scruté par la Réserve fédérale américaine (Fed), a atteint son niveau le plus élevé depuis janvier 1982.

Mais pour Vincent Boy, analyste d'IG, la Fed pourrait "adoucir le ton quant aux prochaines hausses de taux", afin de calmer les anticipations des investisseurs et permettre aux marchés de rebondir, comme cela avait été le cas en mars.

La séance est en outre plombée par des inquiétudes concernant la Chine, où l'activité manufacturière est tombée en avril à son niveau le plus bas depuis février 2020 en raison des confinements de grandes villes du pays.

En Suisse, le climat de consommation s'est fortement détérioré en avril. L'indice correspondant publié par le Secrétariat d'État à l'économie (Seco) a chuté à -27 points, nettement en dessous de la moyenne pluriannuelle (-5 points).

L'activité industrielle helvétique reste soutenue, en dépit d'une dynamique affaiblie par la hausse des prix. L'indice des directeurs d'achat (PMI) a perdu 1,5 point en avril sur un mois, à 62,5 points, se maintenant au-dessus du seuil de croissance et se rapprochant du niveau observé avant le conflit russo-ukrainien.

Sur le coup de 11h00, le Swiss Market Index (SMI) reculait de 1,05% à 12'001,17 points, le Swiss Leader Index (SLI) de 1,47% à 1847,64 points et l'indice du marché élargi Swiss Performance Index (SPI) de 1,09% à 15'433,25 points. Sur les 30 principales cotations, 27 prenaient l'eau, et deux surnageaient, le paquebot Nestlé naviguant entre deux eaux.

Peu avant 10h00, l'ensemble des valeurs vedette a brusquement chuté, faisant craindre un mini-krach boursier, et ce sur l'ensemble des places européennes. Un acteur du marché sollicité par AWP a évoqué un "fat finger" (erreur de saisie) à Stockholm dans les activités de négoce à terme. "Cela montre l'extrême nervosité des marchés", a relevé un courtier.

Le bon Schindler (-4,3%) tenait la lanterne rouge, derrière Partners Group (-4,2%) et Credit Suisse (-3,4%). L'assemblée générale de la banque aux deux voiles a entériné vendredi l'élection du nouveau président Axel Lehmann, tout en refusant la décharge à ses instances dirigeantes pour l'exercice 2020. Par ailleurs, un fonds de pension américain a déposé une plainte contre d'actuels et anciens dirigeants de l'établissement dans le cadre du scandale Archegos.

Les rivaux UBS (-2,3%) et Julius Bär (-3,4%) ne faisaient guère mieux.

La gestion d'actifs de Swiss Life (-1,8%) devrait augmenter sa contribution aux résultats du groupe de 100 millions de francs suisses, a déclaré dans une interview à Finanz und Wirtschaft son directeur des investissements (CIO) Stefan Mächler.

ABB (-2,7%) a vu son objectif de cours raboté par Goldman Sachs, qui a réaffirmé sa recommandation d'achat du titre (buy), soulignant les entrées de commandes actuellement 40% au-dessus du niveau de fin 2018 ainsi que le programme de rachat d'actions annoncé.

L'objectif de cours de Straumann (-2,3%) a été coup sur coup abaissé par UBS et relevé par Mirabaud, qui confirment tous deux leur recommandation d'achat du titre (buy).

Temenos (+0,3%) et Swisscom (+0,2%) faisaient figure de rescapés, alors que les deux poids lourds pharmaceutiques Roche (-0,4%) et Novartis (-0,6%) freinaient le recul du SMI.

Sur le marché élargi, Dormakaba (-3,1%) a trouvé un repreneur pour son activité de portes métalliques creuses Mesker. La cession aura un impact négatif de 64 millions de francs suisses sur le bénéfice net du groupe.

Valora (+0,1%) refinance "de manière anticipée" une dette arrivant à échéance avec un nouvel emprunt garanti par titres de créance d'un montant de 100 millions d'euros sur une durée de cinq et sept ans.

Leclanché (stable) a indiqué conditionner la poursuite de ses activités à la concrétisation de la vente de sa filiale E-Mobility et fait état pour 2021 d'une perte nette ramenée à 65,0 (78,2) millions de francs suisses.

Les titres Lindt & Sprüngli (BP -1,1%), ainsi que Hiag (-2,1%), Aevis (stable), Feintool (-9,3%) et la Banque cantonale du Jura (+0,9%) étaient traités hors dividende ce lundi.

buc/vj/ck