James Simons a officiellement annoncé son départ en retraite au début 2010. Lors d'une réunion avec les employés de Renaissance Technologies, ainsi que dans une lettre envoyée à ses investisseurs, ce « Géo Trouvetou » de la finance a annoncé son départ - relatif - et présenté ses successeurs.

Il ne faudra pas moins de deux hommes pour prendre sa place : Peter Brown et Robert Mercer, deux anciens d'IBM arrivés au sein de Renaissance Technologies dans les années 1990 et tous deux promus il y a deux ans au poste de co-présidents.

James Simons a fondé Renaissance et gouverne depuis 31 ans les placements des investisseurs qui lui accordent sa confiance. Renaissance est aujourd'hui à la tête de 17 milliards de dollars d'actifs et le fonds a culminé à 36 milliards avant la crise.

Au sein de Renaissance, il existe une pépite d'exception : le fonds Medallion. Réservé aux proches et aux collaborateurs de Simons, Medallion a rapporté en moyenne un rendement de 30% par an depuis 1988.

Il y a peu, James Simons était honoré par la revue Alpha, qui reconnaissait en lui le gérant de fonds spéculatif ayant gagné le plus d'argent en 2008, avec un bénéfice total de 2,5 milliards de dollars.

Dans un contexte de crise naissante, cela ne tient plus de la performance mais quasiment de l'exploit...

Mathématique$
Rien de magique pourtant chez Simons, bien au contraire. L'homme est célèbre pour avoir appliqué des théories strictement mathématiques dans ses choix d'investissements, le tout reposant sur des logiciels particulièrement pointus.

Car James Simons a commencé sa vie professionnelle dans la peau d'un mathématicien. Brillant scientifique, plusieurs fois récompensé, il a été professeur et responsable du laboratoire de mathématiques de la Stony Brook University de Long Island.

Passionné de poker, le jeu lui a permis de prendre conscience qu'il pouvait transformer assez facilement ses équations ésotériques en sources de profits stratosphériques...

C'est ainsi qu'il se lança dans les affaires et mit en pratique ses connaissances théoriques pour le plus grand bonheur de ses investisseur.

Certes, rappelle le Wall Street Journal (09/10), la carrière de James Simons n'est pas exempte de faux-pas, voire de regrettables erreurs. Il y a peu, nous parlions dans ces colonnes de la grogne de certains investisseurs. Ceux-ci avaient placé leurs billes dans un des fonds ouverts de Renaissance, Institutional Equities ou Institutional Futures, et assistaient à la fonte lente ou la stagnation de leurs avoirs (-9% pour Equities et seulement +2% pour les Futures).

De quoi s'agacer en voyant à côté les bénéfices faramineux que rapportait dans le même temps le très élitiste fonds Medallion.

Et surtout, Renaissance se serait hasardé à placer quelques billes auprès d'un certain... Bernard Madoff. Si Simons a vite senti quelque chose de louche, plusieurs de ses clients y ont tout de même laissé quelques centaines de millions de dollars.

Mais il faudrait également donner la parole à tous ceux qui ont gagné des sommes rondelettes grâce aux conseils avisés du financier. D'ailleurs, dans la lettre qu'il a envoyée à ses investisseurs, il a tenu à les rassurer en leur affirmant qu'il ne partait pas complètement. Simons restera membre du conseil d'administration de Renaissance et - surtout - il en demeurera le principal actionnaire.

Mais désormais, il pourra probablement consacrer un peu plus de temps à ses activités caritatives : l'aide aux personnes atteintes d'autisme et l'enseignement des mathématiques.