Paris (awp/afp) - Le géant pharmaceutique français Sanofi continue de se renforcer dans les maladies rares avec l'annonce lundi de l'acquisition de la biotech belge Ablynx pour 3,9 milliards d'euros, une semaine après celle de l'américain Bioverativ spécialisé dans l'hémophilie.

En vertu d'un "accord définitif" conclu entre les deux sociétés, Sanofi va offrir 45 euros en numéraire par action Ablynx et lancera des offres publiques d'achat au début du deuxième trimestre 2018, selon un communiqué.

L'opération, conditionnée à l'obtention d'au moins 75% des actions en circulation d'Ablynx à l'issue de la période initiale de l'offre publique, a été approuvée "à l'unanimité" par les conseils d'administration des deux sociétés, est-il précisé.

Ablynx avait déjà été approché par le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk, qui avait proposé 2,6 milliards d'euros pour racheter la société. Mais la biotech de Gand (Belgique) avait décliné cette offre début janvier, estimant qu'elle ne reflétait pas suffisamment sa valeur.

Le cours proposé par Sanofi représente une prime de 21,2% par rapport au cours de clôture d'Ablynx vendredi soir.

A la Bourse de Paris, le titre Sanofi était en léger repli lundi vers 10H45 (-0,29% à 73,27 euros), tandis que le CAC 40 était proche de l'équilibre à la même heure (+0,06%).

L'action Ablynx bondissait pour sa part de 21,28% à 45,02 euros à la Bourse de Bruxelles.

Après prise en compte des dépenses de recherche-développement, l'opération devrait être neutre sur le bénéfice net par action (BNPA) des activités de Sanofi en 2018 et 2019, mais devrait être "fortement créatrice de valeur sur le long terme", a estimé le groupe français dans son communiqué.

UN PORTEFEUILLE TRÈS DIVERSIFIÉ

Le portefeuille de recherche-développement d'Ablynx compte plus de 45 candidats-médicaments, en propre et au travers de collaborations, dans de nombreux domaines thérapeutiques, notamment l'hématologie, l'inflammation, l'immuno-oncologie ou encore les maladies respiratoires.

La technologie innovante d'Ablynx repose sur les nanocorps, des protéines thérapeutiques dérivées de fragments d'anticorps.

Sanofi et Ablynx avaient notamment conclu un partenariat en juillet dernier sur cette technologie, dans le domaine des traitements contre des maladies inflammatoires liées à des troubles immunitaires. Genzyme, division de Sanofi dans les maladies rares, avait aussi signé une collaboration de recherche avec Ablynx dans la sclérose en plaques en 2015.

Le produit le plus avancé d'Ablynx, caplacizumab, est un programme interne de développement d'un traitement pour une maladie rare du sang pouvant être mortelle, le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis (PTT acquis).

Une demande d'autorisation de mise sur le marché a déjà été déposée dans l'Union européenne pour le caplacizumab, et une autre doit être soumise à l'agence américaine du médicament (FDA) au cours de ce premier semestre 2018.

"Avec Ablynx, nous continuons à progresser dans la transformation stratégique de notre recherche et développement, en élargissant notre portefeuille de produits en développement avancé et en enrichissant notre plateforme dédiée aux maladies hématologiques rares", a souligné Olivier Brandicourt, directeur général de Sanofi, cité dans le communiqué.

Lundi dernier, Sanofi avait annoncé le rachat de la biotech américaine Bioverativ pour 11,6 milliards de dollars (plus de 9,3 milliards d'euros), soit sa plus importante acquisition depuis celle de Genzyme en 2011 pour environ 20 milliards de dollars.

Depuis quelques années, Sanofi ne cachait pas son intention de se renforcer dans des domaines thérapeutiques à très forte valeur ajoutée, comme les maladies rares et l'immuno-oncologie, mais plusieurs cibles de choix lui avaient échappé, comme la biotech californienne Medivation, rachetée par le géant américain Pfizer en 2016 pour près de 14 milliards de dollars, ainsi que la biotech suisse Actelion, raflée pour 30 milliards de dollars par Johnson and Johnson.

afp/jh