ALSTOM : de nouveaux doutes sur le rapprochement avec Siemens Mobility
Le 21 janvier 2019 à 15:49
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La fusion entre le français Alstom et l’allemand Siemens Mobility est-elle en train de dérailler ? Selon Reuters, Bruxelles bloquerait la fusion en raison du manque de concurrence qu’induirait l’opération. La nouvelle a fait débuter le titre Alstom dans le rouge sur la place de Paris, avant que ce dernier n’opère un spectaculaire redressement, grâce aux soutiens des gouvernements français et allemand. Désormais, le titre du constructeur ferroviaire français s’adjuge 2,50 % à 35,31 euros.
Ce matin, c'est le gouvernement français, via Bruno Le Maire, qui s'est fait l'avocat le plus éloquent concernant la fusion avec Siemens Mobility. L'opération doit permettre l'émergence d'un géant européen capable de défier les autres poids lourds du secteur : le chinois CRRC et le canadien Bombardier.
" Je persiste et je signe. Refuser la fusion entre Alstom et Siemens serait une erreur économique et une faute politique ", a (de nouveau) martelé le ministre français de l'Economie.
" On ne peut pas prendre de décision industrielle au XXIe siècle sur la base de règles de la concurrence qui ont été définies au XXe siècle ", a ajouté Bruno Le Maire.
Le ministre a d'ailleurs plaidé le dossier ce lundi auprès de la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager. A la mi-décembre, cette dernière avait fait part de son inquiétude quant à l'impact d'un tel rapprochement sur les trains à grande vitesse en Europe. A l'issue de cette rencontre, aucun progrès décisif ne semble toutefois avoir été réalisé.
La semaine dernière, Alstom avait jugé les remèdes proposés pour amadouer la Commission européenne " appropriés et adéquates ". Ils portent principalement sur des activités de signalisation ainsi que des produits de matériels roulants et représentent environ 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée.
" Toutefois, il n'y a pas de certitude que le contenu de cette proposition sera suffisant pour répondre aux préoccupations de la Commission ", avait précisé Alstom.
De son côté, Citi a réitéré aujourd'hui son opinion Neutre sur le titre Alstom. L'expert pense que le cours actuel de l'action implique une probabilité de moins de 10% que l'opération se réalise.
Quoiqu'il en soit, une décision de la Commission est attendue d'ici le 18 février prochain.
Alstom figure parmi les principaux fabricants mondiaux d'infrastructures destinées au secteur du transport ferroviaire. Le CA par famille de produits et services se répartit comme suit :
- matériels roulants (53,2%) : trains, tramways et locomotives ;
- services ferroviaires (23,1%) : services de maintenance, de modernisation, de gestion des pièces détachées, de support et d'assistance technique ;
- systèmes de signalisation, d'information et de contrôle (14,7%) ;
- infrastructures ferroviaires (9%) : infrastructures dédiées à la pose des voies, systèmes d'alimentation électrique des lignes, équipements électromécaniques (dispositifs de télécommunication et d'information des voyageurs en station, bornes d'achats automatiques de billets, accès aux escalators, ascenseurs pour handicapés, portes palières automatiques sur les quais, systèmes de ventilation, de climatisation et d'éclairage).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (15,4%), Europe (44,8%), Amériques (17,2%), Asie-Pacifique (14,4%) et Moyen Orient-Afrique-Asie centrale (8,2%).