Alstom a annoncé mercredi avoir lancé un programme de cession d'actifs et envisager une augmentation de capital, afin d'apaiser les inquiétudes des investisseurs concernant sa dette. Henri Poupart-Lafarge quittera son poste de président du conseil d'administration tout en conservant sa fonction de directeur général. Le conseil d'administration d'Alstom proposera de nommer Philippe Petitcolin, ancien directeur général de Safran, au poste de président. Le marché devrait apprécier cette dissociation, notamment parce que Poupart-Lafarge, après avoir été l'artisan de la reconstruction du groupe, est désormais associé aux échecs récents.

"Le cash-flow libre négatif d'Alstom durant ce premier semestre constitue un appel clair au changement. Bien que la demande reste à un niveau soutenu, malgré une certaine volatilité, notre performance commerciale a été faible", a déclaré Henri Poupart-Lafarge dans un communiqué.

Pour l'exercice qui sera clos fin mars prochain, le groupe vise un ratio commandes sur chiffre d’affaires au-dessus de 1, une croissance organique du chiffre d’affaires au-delà de 5%, une marge d’exploitation ajustée d'environ 6% et un cash-flow libre dans une fourchette de -500 à -750 M€. Aucun dividende ne sera versé au titre de l'exercice en cours. Implacable, comme nous le soulignions récemment ici.

Pour améliorer son fonctionnement, le groupe veut se focaliser sur les entrées de commandes "de qualité", accélérer la mise en production, améliorer ses délais de livraison et mieux gérer son besoin en fonds de roulement. Dans le volet social, le plan prévoit la réduction des frais généraux, correspondant à environ 1 500 postes équivalents temps-plein, représentant près de 10% du total des fonctions commerciales et administratives. Côté finances, l'objectif est de réduire la dette nette de 2 Mds€, via notamment un plan de cession d'actifs de 0,5 à 1 Md€, le refinancement de certains instruments et éventuellement une augmentation de capital.

Alstom

Une augmentation de capital redoutée

Pour Simon Toennessen, chez Jefferies, "tous les regards sont tournés vers les engagements visant à renforcer le bilan". Les résultats semestriels sont finalement assez secondaires, parce que leur teneur était connue. Chez AlphaValue, Nupur Gupta est mitigée, lorsqu'elle évoque "dans l'ensemble, une mise à jour terne, avec la perspective d'une augmentation de capital maintenant sur la table indiquant que la situation du FCF pourrait ne pas être aussi transitoire que prévu et, par conséquent, nous nous attendons à une réaction très négative du prix de l'action ce matin".

La perspective d'une augmentation de capital n'est pas nouvelle, mais elle semble se concrétiser, ce qui effraie le marché. Une levée de fond est synonyme de dilution (= perte de valeur des actions qu'ils possèdent) pour les actionnaires qui n'auraient pas les moyens de participer à l'opération.