PARIS, 3 décembre (Reuters) - ArcelorMittal s'apprête à couper l'alimentation en gaz des hauts fourneaux de Florange, ce qui signifierait leur "mort définitive", a affirmé dimanche soir Edouard Martin, délégué CFDT du site mosélan.

Vendredi soir le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a invité l'intersyndicale à Matignon mercredi, a parlé de maintenir les hauts fourneaux en état pour le projet Ulcos.

"Je viens d'apprendre qu'apparemment Mittal va procéder dans les prochains jours à l'arrêt de l'alimentation en gaz des hauts fourneaux qui sont toujours en chauffe, ce qui veut dire que c'est la mort définitive des hauts fourneaux. L'outil est cassé et je ne comprends pas que l'Etat puisse accepter ça", a déclaré Edouard Martin sur France 3.

"Si jamais l'information est confirmée par le gouvernement (...), je considère ça comme une très haute trahison d'Etat et, personnellement, je n'irai pas à Matignon mercredi", a-t-il poursuivi.

L'annonce vendredi d'un accord avec le groupe sur l'avenir du site de Florange a déçu les représentants des salariés, qui préféraient une nationalisation transitoire suivie d'une cession à un autre industriel.

Cette solution était également défendue par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui avait annoncé à l'Assemblée nationale qu'un industriel français était prêt à injecter 400 millions d'euros à Florange, mais une source proche du Premier ministre a déclaré qu'il n'y avait pas de repreneur "crédible et ferme".

En officialisant le 1er octobre l'arrêt des hauts-fourneaux de Florange, avec à la clé 639 suppressions d'emplois, ArcelorMittal, avait laissé deux mois au gouvernement pour trouver un investisseur pour la "phase à chaud" du site.

Faute de repreneur pour cette seule activité jugée non rentable, le gouvernement voulait obtenir de Mittal la cession de l'intégralité du site, dont la stratégique "phase à froid" afin d'appâter un éventuel repreneur.

L'accord présenté vendredi ne prévoit pas de redémarrage des hauts-fourneaux de Florange, les derniers de Lorraine, mais seulement leur maintien dans un état qui permette de lancer à terme le projet Ulcos, une technologie de production d'acier plus écologique grâce à un captage du CO2 rejeté. (Jean-Philippe Lefief)