(Actualisé avec source ArcelorMittal §9-10)

MILAN, 5 novembre (Reuters) - Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, a affirmé mardi qu'il ne céderait pas face à ArcelorMittal concernant l'avenir du site sidérurgique Ilva, alors que la menace pesant sur des milliers d'emplois met son gouvernement de coalition sous pression.

ArcelorMittal a annoncé lundi qu'il résiliait son offre de rachat de cette immense aciérie située dans les Pouilles, Rome étant revenu sur sa promesse de lui accorder une immunité contre d'éventuelles poursuites pénales liées à la pollution du site.

Alors que l'Italie ne parvient pas à s'extirper d'une stagnation économique persistante, cette annonce a provoqué des remous dans la classe politique italienne, cette aciérie employant des milliers de personnes, directement ou indirectement, dans une région frappée par le chômage.

Le gouvernement formé par le Parti démocrate et le Mouvement 5-Etoiles (M5S) affirme qu'ArcelorMittal ne dispose d'aucun argument valable pour revenir sur l'accord conclu l'an dernier et il soupçonne le numéro un mondial de l'acier de se servir de la question de l'immunité juridique comme d'un prétexte.

"Un contrat a été conclu et nous ne plierons pas là-dessus. Nous attendons que les engagements soient respectés", a dit Giuseppe Conte à la presse à Milan.

"Vous venez en Italie, vous remportez un appel d'offres et les termes contractuels inclus et exposés dans l'appel doivent être respectés", a-t-il ajouté.

Le chef du Parti démocrate a pour sa part annoncé mardi que son parti allait proposer des mesures pour que tout acquéreur du site bénéficie d'une protection juridique contre les poursuites qui pourraient être engagées pour la pollution passée d'Ilva.

"Celui qui pollue paie mais celui qui doit mettre en oeuvre un plan de préservation de l'environnement ne peut assumer pénalement la responsabilité d'actes précédents et qui ne sont pas les siens. Nous allons proposer des initiatives parlementaires dans ce sens", a déclaré Nicola Zingaretti, secrétaire national du PD, dans un communiqué.

Il n'est toutefois pas certain qu'une telle initiative suffise à sauver le site d'Ilva, accusé d'être à l'origine de centaines de cancers ces dernières années.

De source proche du dossier, on assure qu'ArcelorMittal ne reviendra pas sur sa décision, même si le gouvernement rétablit la protection juridique controversée.

"La lettre d'hier était définitive, ce n'était pas le début d'une négociation", a déclaré cette source. Cette position du groupe pourrait annoncer une longue bataille judiciaire autour de ce contrat de 1,8 milliard d'euros.

Le bouclier juridique initialement proposé par le gouvernement, annulé par le Parlement à la date de dimanche dernier, devait préserver ArcelorMittal de toute poursuite liée aux conséquences du plan de dépollution du site.

Le M5S refuse pour sa part de donner un chèque en blanc à ArcelorMittal, au motif que cela ne serait pas acceptable pour les riverains d'Ilva. (Giancarlo Navach, avec Giuseppe Fonte à Rome Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)