PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le géant de la sidérurgie ArcelorMittal a indiqué mardi souhaiter que l'Union européenne (UE) mette en place un dispositif aux frontières permettant à la sidérurgie européenne de rester compétitive face à ses concurrents mondiaux dans le contexte des normes environnementales auxquelles elle est soumise.

Pour ArcelorMittal, l'Europe doit "instaurer un dispositif d'ajustement environnemental aux frontières sur l'acier, qui permettrait d'appliquer à l'acier importé en Europe les mêmes normes que celles qui s'appliquent à l'acier produit en Europe sous le régime de l'ETS (Emissions Trading System ou Système d'échange de quotas d'émissions)".

"Le système actuel fait peser un fardeau financier sur l'acier produit en Europe", a souligné le directeur financier du groupe, Aditya Mittal, lors d'une journée de présentation dédiée à la presse.

"L'Europe continuera d'avoir besoin d'autant d'acier qu'avant, mais il est probable qu'une plus grande partie de cet acier proviendra de pays qui n'ont pas de politiques climatiques comparables", a expliqué le dirigeant.

Besoin de "conditions de concurrence équitables"

Le secteur européen a "besoin des bonnes politiques publiques" et de "conditions de concurrence équitables", a poursuivi Aditya Mittal, et ce alors que le marché reste en situation de surcapacité, notamment en raison de la surproduction en Chine, et que la croissance de la demande risque de ralentir.

Le dirigeant a souligné que si la Chine a réduit ses capacités de production, il faudrait que le pays diminue encore de 250 millions de tonnes ses capacités de production pour rééquilibrer le marché.

Selon les prévisions d'ArcelorMittal, la demande mondiale d'acier devrait progresser de 2% à 3% en 2018, mais selon des données de l'association professionnelle Worldsteel, elle ne devrait croître que d'environ 1,4% en 2019. Ce qui est important est que cette demande reste "en territoire positif", a tempéré Aditya Mittal.

Un Brexit sans accord "serait terrible"

Interrogé sur le Brexit, le dirigeant a déclaré qu'une absence d'accord entre le Royaume-Uni et l'UE "serait terrible" et créerait de l'incertitude économique au Royaume-Uni ainsi qu'au niveau mondial.

Le groupe ne subirait "pas d'impact direct" d'une telle situation mais risquerait de souffrir de l'impact d'une détérioration des conditions économiques mondiales sur le marché de l'acier, a ajouté Aditya Mittal.

Également directeur général d'ArcelorMittal Europe, Aditya Mittal a par ailleurs déclaré prévoir de finaliser la vente de certains actifs européens au groupe industriel Liberty House au premier semestre 2019. Il a précisé que les termes de la transaction seraient précisés à ce moment-là.

Ces cessions d'actifs en Europe de l'Est, en Italie, au Luxembourg et en Belgique ont été imposées par la Commission européenne dans le cadre du rachat du groupe italien Ilva, spécialisé dans la production d'acier plat au carbone. Les sites d'Ilva sont opérés par ArcelorMittal depuis le 1er novembre.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 90; adore@agefi.fr; ed:

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