Les places financières ont été lourdement sanctionnées depuis fin février, avec la propagation rapide du Coronavirus à travers le globe. Les opérateurs ont ainsi clairement délaissé les actifs risqués, sur fond de craintes de récession mondiale, d'autant plus dans un contexte de guerre des prix sur le marché pétrolier, l'or noir ayant touché des points bas de près de 18 ans.
Bon nombre de secteurs ont été mis provisoirement à l'arrêt alors que plusieurs pays occidentaux ont décidé de confiner leur population pour tenter d’endiguer la pandémie.
Finis les avions, les repas au restaurant, les nuits d'hôtel, les croisières, les déplacements, et finie, parfois, la production. Les dégâts économiques induits par la réponse au Coronavirus constituent un saut dans l'inconnu et ravivent la volatilité sur les marchés, ces derniers évoluant de manière erratique, au gré de l'évolution de la courbe des contaminés et des décès.

Les gouvernements et les banques centrales ont été contraints de multiplier les interventions et les mesures de soutien, en inondant notamment les marchés de liquidités afin de rassurer et limiter les effets négatifs de la crise du Coronavirus. La plupart des banques centrales ont ainsi abaissé leurs taux directeurs proches de zéro et accru sensiblement leurs programmes de rachats d'actifs (plus de 700 milliards de dollars pour la Fed, 750 milliards d'euros pour la BCE…) et les Etats ont mis en place de vastes plans de soutien à l'économie, à l'image de Washington qui prévoit une enveloppe de 2000 milliards de dollars pour venir en aide aux entreprises, aux salariés et aux ménages.
Il semble à l'heure actuelle que l'accumulation des mesures annoncées commence à porter ses fruits : les indices préservent pour le moment des zones de soutien majeures et amorcent de timides reprises.

La volatilité reste néanmoins importante, les dernières données macroéconomiques étant peu reluisantes et confirment l'impact économique marqué de l’épidémie. Ce sont désormais les Etats-Unis qui constituent la plus grande source d'inquiétudes, avec le plus important nombre de cas décelés. Les données concernant l'emploi se sont nettement dégradées, à l’image des inscriptions hebdomadaires au chômage qui sont passées de 220K à 6648K sur les quinze derniers jours. Le rapport mensuel a d'ailleurs mis en évidence une destruction de 701K postes sur le dernier mois, avec un taux de chômage qui remonte à 4.4% (3.5% précédemment). Les indicateurs d'activité ont néanmoins surpris agréablement (indices PMI manufacturier et services à respectivement 48.5 et 52.5), données qui contrastent avec le Vieux-Continent.
En zone euro, les indices PMI sont en effet ressortis à 44.5 et 26.4 tandis que le taux de chômage baisse légèrement à 7.3% et les ventes au détail progressent plus que prévu (0.9% contre 0.1% attendu). Un redémarrage de l'activité pourrait néanmoins intervenir prochainement comme cela est observé en Chine, suite à l'arrêt des mesures de confinement. Les indicateurs d'activité ont d'ores et déjà repris une pente ascendante, avec des indices manufacturier et services à 52 et 52.3 (contre 35.7 et 29.6 le mois dernier), des chiffres de bon augure pour un prochain redressement dans les autres zones géographiques.

Graphiquement, à son plus haut annuel fin février, le CAC40 a brusquement amorcé un mouvement de correction, perdant plus de 40% en quelques semaines avant de reprendre un peu de hauteur. L'indice affiche encore en repli de 28% depuis le 1er janvier et la volatilité reste au rendez-vous, en fonction de l'évolution de la pandémie et des données macroéconomiques, traduisant toujours la nervosité des intervenants.
Parmi les composantes du CAC40, seule Carrefour enregistre une performance légèrement positive (+3.2%). En bas du palmarès, on retrouve au coude à coude Unibail (-64%), Renault et Airbus (-59%) puis Société Générale (-55%) qui pâtit des politiques de taux très bas.
Techniquement, en données hebdomadaires, la dynamique apparaît dégradée comme en témoigne l'orientation baissière des moyennes mobiles et la présence d'un large gap laissé ouvert dans la zone des 4925/5117 points. Sur un horizon temps plus court, la tendance est également négative sous les 4600 points, borne haute d'un gap laissé ouvert le 13 mars dernier. On suivra désormais de près la sortie des 4120/4600 points pour avoir des indications sur la tendance à venir, la borne haute de ce range constituant pour le moment l'objectif majeur du mouvement de reprise. En cas de rechute sous les 4120 points, il faudrait au contraire s’attendre à de nouveaux dégagements en direction des 4000 points voire 3800/3750 points par extension.