Avec 20% de croissance annuelle moyenne depuis 2010, Fountaine Pajot a le vent en poupe. L’acquisition de Dufour Yachts en 2018 confère au n°2 mondial du catamaran une présence reconnue sur le monocoque. La croissance de ce marché est certes plus faible, mais les synergies à mettre en place avec le voisin rochelais sont importantes. Entretien avec Nicolas Gardies, directeur général de l’entreprise familiale Fountaine Pajot. 

Nicolas Gardies, ressentez-vous le ralentissement du marché mondial de la plaisance dont vient de faire état le leader mondial Bénéteau ?
Nous ne ressentons pas de ralentissement car nous sommes positionnés sur les marchés les plus dynamiques. Le catamaran reste bien orienté, les lancements y sont nombreux, et le segment des catamarans à moteur sur lequel nous avons été pionniers ne fait qu’émerger. Quant au marché de la voile monocoque, nouveau marché pour nous, il reste en phase de rebond, porté par les lancements des chantiers généralistes. Notre groupe ne ressent à ce jour ni les effets du Brexit, ni les mesures protectionnistes. Nous produisons uniquement en France et notre clientèle est mondiale, et de plus en plus tournée vers la location. Sur ce point, je rappelle que nous sommes actionnaire de Dream Yacht Charter, premier loueur mondial avec une flotte de près de 1000 bateaux. Nous travaillons d’ailleurs de plus en plus avec eux. De plus, notre carnet de commandes est bien orienté, les salons de Paris et Düsseldorf se sont bien passés et nous continuons de gagner des parts de marché. Maintenant, il est vrai que la croissance organique du groupe va ralentir cette année. Elle était très forte l’an dernier chez Fountaine Pajot, à +34%, et Dufour Yacht devrait connaitre une stabilisation.

Votre secteur est en ébullition : consolidation, lancement d’une nouvelle marque de catamarans chez Bénéteau, de catamarans à moteur chez Catana, etc. Cela appelle-t-il une réaction de la part de votre groupe ?
Ces initiatives confortent notre stratégie de généraliste, positionné à la fois sur le catamaran voile et moteur, et sur le monocoque voile maintenant, ce qui est un vrai plus pour nos réseaux de concessionnaires. Le marché du catamaran moteur constitue un réel relais de croissance. Nous multiplions les lancements sur ce segment. Récemment il y a eu le MY 40, et nous allons très bientôt proposer le Power 67, une déclinaison de notre bateau amiral Alegria 67 en version moteur, pour une clientèle en recherche de confort et d’habitabilité. Les lancements concurrents montrent qu’il y a un marché important. Il y a de la place pour tout le monde, je ne suis pas inquiet.
 

Le Power 67 de Fountain Pajot

La forte croissance organique et externe du groupe implique nécessairement des défis opérationnels. Quels sont-ils ?
Concernant l’intégration de Dufour Yachts, les synergies les plus évidentes sont d’ordre commercial. Nous croyons beaucoup à la marque Dufour Yachts. Elle offre de fortes complémentarités auprès de nos concessionnaires respectifs qui vont maintenant pouvoir proposer la totalité de la gamme. D’un point de vue industriel, la proximité géographique de nos usines facilite grandement les complémentarités en termes d’achats, de supply-chain, d’organisation industrielle, de recrutement et de conditions de travail. Par ailleurs, nous sommes en train de construire une usine très moderne à Aigrefeuille. Cet investissement de 6 à 7 M€, soit la moitié de notre investissement annuel, va nous permettre de réintégrer de la chaîne de valeur et donc de mieux maîtriser nos approvisionnements. Cela doit contribuer, avec l’amélioration générale de notre productivité, à améliorer la profitabilité du groupe, dès cette année, mais surtout l'année prochaine.

L'auteur est actionnaire de la société à titre personnel.