Paris (awp/afp) - Le groupe de spiritueux Marie Brizard Wine & Spirits, qui vient d'être recapitalisé par son principal actionnaire après deux ans dans le rouge, compte redresser ses comptes d'ici à 2022, en pariant notamment sur une montée en gamme de ses produits.

"Nous devons redevenir aux fondamentaux", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Andrew Highcock, directeur général de Marie Brizard Wine & Spirit (MBWS), qui détient entre autres la marque de liqueurs du même nom, le whisky William Peel et la vodka Sobieski, lors de l'annonce de son plan stratégique.

En 2017 comme 2018, MBWS a subi des pertes nettes d'une soixantaine de millions d'euros face à diverses difficultés dans ses trois grands marchés, France, Pologne, et Etats-Unis. Dans le premier cas, le groupe a souffert d'une demande en baisse, tandis que les deux autres pays ont vu une vive concurrence sur les prix de la vodka.

Début 2019, ses actionnaires ont validé une recapitalisation par le premier d'entre eux, la Cofepp, qui détient un autre gros acteur du secteur, la Martiniquaise. A l'issue de cette augmentation de capital, il doit posséder près de la moitié de MBWS.

Alors que l'étau financier se desserre, le groupe promet d'engager son retour dans le vert en explorant "différentes manières d'attirer nos clients selon les marchés géographiques où nous sommes actifs", selon M. Highcock, nommé directeur général l'an dernier.

"La première étape, de 2019 à 2020 (...) a un but simple: transformer et simplifier MBWS", a-t-il résumé. "La seconde, qui sera mise en oeuvre de 2021 à 2022, aura comme objectif de générer de manière pérenne de la croissance rentable."

Le groupe fixe peu d'objectifs chiffrés, s'abstenant d'évoquer des parts de marchés. Il promet surtout un bénéfice d'exploitation EBITDA - indicateur de la performance réelle - "positif" à l'issue de la période 2019-2020, puis entre 13 et 19 millions d'euros d'ici à 2022.

Il veut changer la stratégie des dernières années qui, selon M. Highcock, s'est trop axée sur le développement massif des ventes, sans assez se préoccuper de la rentabilité des produits.

Démarrage de la distillerie polonaise de Lancut

Ce tournant sera surtout marqué en France où, dans un communiqué, le groupe avertit qu'il n'hésitera pas à sacrifier ses volumes de ventes au profit d'une montée en gamme de ses produits.

En revanche, MBWS, qui compte sur au moins trois à six millions d'euros de synergies avec la Cofepp, veut atteindre une "taille critique" aux Etats-Unis avec d'importants efforts commerciaux pour augmenter le chiffre d'affaires.

Il compte sur son alliance avec Cofepp pour réaliser des synergies "importantes", via l'optimisation de la distribution en mettant en commun des volumes dans certaines régions du monde, notamment en Pologne, aux Etats-Unis, en Lituanie, au Brésil, et en mutualisant certains achats directs externes en France, comme à l'international.

En Pologne, le 1er marché du groupe, où Marie Brizard a souffert d'une guerre des prix sur la vodka à marge faible, et d'une baisse des volumes de production, le groupe va à l'avenir diversifier sa base de distributeurs. Dans ce pays, le groupe va aussi monter en gamme en focalisant ses efforts commerciaux sur les marques, les produits et les formats "générant les plus fortes marges".

Par ailleurs, le groupe compte sur le démarrage de la distillerie de Lancut. Elle est en état de fonctionnement, mais son lancement effectif devrait être annoncé seulement début avril après des travaux qui ont duré beaucoup plus longtemps que prévu, soit trois ans au total, pour un ensemble de raisons administratives et liées à la construction.

Sur le plan financier, le groupe souligne que la recapitalisation permet de faire face à ses obligations jusqu'en mars 2020 et n'exclut pas "après mars 2020", de devoir "céder des actifs ou des marques" qui sont "non contributives" au bénéfice d'exploitation.

Le 30 avril, Marie Brizard dévoilera ses résultats annuels 2018 et le chiffre d'affaires du premier trimestre 2019, a indiqué un communicant du groupe.

afp/rp