Romont (awp) - L'Amérique du Nord constitue le deuxième marché de Nespresso, derrière la France, avec une croissance de près de 20%. C'est depuis le site de production de Romont, inauguré en 2015, que cette stratégie s'est formée. Elle va encore être développée grâce à deux nouvelles lignes de production en 2019 et 2020, dans lesquels la multinationale veveysane prévoit d'investir encore 43 millions de francs suisses.

"Nous avons investi 300 millions de francs suisses dans ce site le plus récent pour conquérir de nouveaux marchés, dont le marché nord-américain", a déclaré mercredi Patrice Bula, président de Nespresso, à l'occasion de l'inauguration du centre de développement de produit à Romont.

"Nous y avons aussi investi 48 millions supplémentaires" pour créer le centre de développement de produit et le Coffee Campus, selon le responsable du numéro un mondial du secteur du café portionné et filiale du géant Nestlé.

Le centre d'expertise réunira les professionnels de Nespresso chargés de la préparation des nouveaux prototypes. "Chaque année, on double les lancements pour faire face à la concurrence, a noté Jean-Marc Duvoisin, directeur général de Nespresso. Cette micro-fabrique va reproduire les étapes de la vraie fabrique, pour nous permettre d'innover plus tout en étant moins cher."

Les vendeurs, mais aussi les chefs de cuisine qui collaborent avec la marque, viendront se former sur place. Sur les 12000 employés de Nespresso, 9000 sont au contact des consommateurs.

Le seuil d'un milliard de capsules produites à Romont devrait être atteint grâce au "succès extraordinaire" du système Vertuo, qui permet de faire de grandes tasses de café, dans l'espace nord-américain. "C'est une innovation déterminante vendue dans 14 pays et qui vient d'être lancée en Suisse cet automne", a poursuivi M.Bula. Cette nouveauté marche particulièrement bien "dans les pays nordiques ou en Grande-Bretagne".

Toutes les capsules Vertuo sont produites sur le site fribourgeois. Celui-ci va voir l'arrivée de deux nouvelles lignes de production en 2019 et en 2020, moyennant un investissement de 43 millions de francs suisses supplémentaires. Plus d'une trentaine de nouveaux emplois seront créés et s'ajouteront aux 325 actuels. "Mais nous continueront à développer le système original de capsules", a insisté M.Bula.

Les capsules de café ont beau compter un gramme d'aluminium, le responsable assure que "ce n'est pas significatif", comparé par exemple à l'industrie automobile, face aux sanctions sur l'aluminium voulues par le président américain Donald Trump.

Le choix de rester en Suisse

Selon Patrice Bula, les investissements dans le site de Romont démontrent la confiance qu'a Nespresso dans la Suisse et "sa volonté à continuer à contribuer au rayonnement de la Suisse".

Nespresso compte trois usines de production, uniquement en Suisse, à Romont, Orbe et Avenches.

"On n'a jamais voulu délocaliser, et pourtant au moment de créer la troisième usine en 2015, on a reçu beaucoup d'offres, a relevé Patrice Bula, le président de la marque. Mais dans l'inconscient américain, l'image de Nespresso est liées à la qualité suisse. Nous sommes dans un écosystème avec des gens qui ont des compétences et qui respectent la confidentialité lorsqu'il s'agit de brevets. On ne trouve cela qu'en Suisse".

Se pose toutefois la question de la compétitivité de la Confédération pour la filiale de Nestlé. "On sait que l'on a le franc fort et on a besoin d'ajustements. Nos collaborateurs l'ont compris, en acceptant certaines choses, les transferts de personnel ou l'augmentation des heures de travail. Cela ne veut pas dire que ça reste dans le marbre, mais on veut continuer à préserver cela."

En 2017, la division boissons liquides et en poudre de Nestlé, dont Nescafé et Nespresso, atteignait 20,4 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires. "L'année 2018 sera une très bonne année à la croissance soutenue. Nous continuons de nous déployer." La marque, qui travaille avec plus de 75'000 producteurs de café dans le monde, compte 767 boutiques dans le monde, soit 60 de plus qu'en début d'année.

Concernant la concurrence, comme celle de la holding JAB, propriétaire de Keurig, "nous devons réfléchir plus vite. 400 marques de café dites compatibles (avec les machines Nespresso, NDLR) existent. Le choix revient au consommateur mais il doit comprendre que nous sommes plus qu'une marque de café."

Toujours dans le monde du café, en septembre dernier, le torréfacteur et distributeur de café Blue Bottle Coffee, racheté intégralement par Nestlé il y a un an, évoquait l'idée d'entrer sur le marché européen prochainement. Mais pour Patrice Bula, ce développement en Europe n'est pas prioritaire. "Le coeur d'actvité de la start-up est les Etats-Unis, le Japon, la Corée et la Chine. Les marchés asiatiques offrent beaucoup plus d'opportunités."

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