Zurich (awp) - Après un exercice 2019 particulièrement fructueux, les acteurs du tourisme déchantent face à l'impact du coronavirus sur le secteur. Non seulement l'épidémie a mis un coup d'arrêt à la venue des touristes chinois, mais la propagation du virus dans d'autres pays, notamment en Italie, aura des retentissements sur l'économie touristique dans son ensemble. Impossible toutefois de quantifier l'impact global, a indiqué jeudi Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme.

Avec les quelques semaines de recul, il est possible de prévoir les conséquences sur la venue des touristes chinois. "Un repli de 50% des nuitées est attendu au premier trimestre pour cette nationalité", projette le directeur, en marge de la conférence de bilan. Sur le mois de février, le manque à gagner est estimé à environ 20 millions de francs suisses.

La perte restera toutefois limitée, avec un impact de 2% sur les nuitées en février et de 4,8% pour les remontées mécaniques et les attractions touristiques. "Des prévisions à plus long terme ne sont pas possibles", a précisé le directeur.

Outre la situation en Chine, l'Italie risque de peser également sur le tourisme suisse, dans la mesure où beaucoup de voyages organisés en Europe passent par l'Italie avant de rejoindre la Suisse. Les nuitées hôtelières seront également entravées par la situation en Corée du Sud et au Japon.

"Nous avons établi trois scénarios selon l'évolution de la situation au niveau de l'épidémie, selon si elle se restreint à la Chine, à l'Asie ou si elle touche le monde entier", a souligné le directeur. Dans le pire des cas, une peur globale de voyager pourrait durablement pénaliser la branche.

Le tourisme d'affaires risque d'être durement touché par l'épidémie du nouveau coronavirus. Les entreprises actives à l'international sont de plus en plus nombreuses à déconseiller, voire même interdire les déplacements professionnels vers les territoires touchés par le coronavirus, à l'instar de Nestlé.

De plus, de nombreux salons et congrès ont été annulés, comme le salon de l'horlogerie genevois Watches and Wonders, qui devait se tenir fin avril ou encore celui de Swatch, Time to move, qui devait se tenir fin février.

En 2015, le tourisme d'affaires pesait pour environ 18% des nuitées hôtelières, selon des statistiques de l'OFS.

En outre, le renchérissement du franc, qui joue sa carte de monnaie refuge, pourrait jeter une ombre supplémentaire au tableau.

Nouveaux records atteints en 2019

Le coronavirus est une grosse épine dans le pied du tourisme suisse, après un exercice 2019 particulièrement fructueux. En 2019, 39,6 millions de nuitées (+1,9%) ont été enregistrés, un chiffre sans précédent, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS). Pour l'hôtellerie, un autre record a été enregistré avec un taux net d'occupation des chambres de 55%.

Les nuitées des touristes indigènes (+2,9% à 17,9 millions) ont inscrit leur troisième plus haut consécutif et celles des étrangers (+1,1% à 21,6 millions) ont également crû.

Sur les marchés étrangers, le creux de la vague a été atteint entre 2011 et 2016. Parmi eux les Etats-Unis (+10%) et la Chine (+7%) ont porté la progression. A l'inverse, les nuitées des touristes de la zone euro sont restées quasi stables (-0,2%), à 8,8 millions. "On est très loin des niveau de 2008, on a perdu environ 4 millions de nuitées en l'espace d'une décennie", a indiqué l'OFS.

En 2020, sur les marchés lointains, le Japon et les Etats-Unis devraient également soutenir les activités grâce à l'ouverture de nouvelles lignes directes avec Osaka et Washington. En raison du coronavirus, Suisse Tourisme renonce toutefois à fournir des prévisions globales pour l'année en cours.

Dans le contexte de l'épidémie, l'organisation rappelle l'importance de garder l'équilibre entre ses différents marchés, avec la répartition suivante: Suisse (45%), marchés proches (35%) et lointains (20%). "Le tourisme indigène est un stabilisateur clé pour le secteur", a assuré à ce propos M. Nydegger.

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